Grandeur et solitude de la France
Entreprendre d’écrire l’histoire contemporaine, c’est tenter de saisir l’insaisissable : « Le tableau du monde se modifie sous les yeux comme un paysage de montagne quand passent les nuages dans le ciel ». C’est pour cette raison que l’auteur a choisi de brosser ici un tableau à larges traits, pour marquer « ce que peut être encore la place de la France dans le monde à la seconde moitié du XXe siècle ». De même, il met surtout l’accent sur ce qui a quelque chance de ne pas se transformer durant l’élaboration d’un ouvrage : « L’état économique et l’état psychologique du pays ».
C’est comparativement, c’est relativement, qu’apparaissent la Grandeur et la Solitude de la France. Aussi l’auteur situe-t-il notre pays par rapport aux grands blocs économiques, géographiques, ethniques, mystiques, dont la fermentation agite présentement toute la planète. Successivement, il étudie l’Asie en marche, les tendances de l’Afrique et le destin de l’Union française, les ambitions et les contradictions du continent islamique, la trop personnelle Pax Americana, le solitaire Commonwealth, l’Europe déchirée et menacée.
Malgré un bilan assez décevant, mais ayant mesuré le passif et l’actif de la France et fait intervenir surtout les forces morales profondes issues de son Histoire, c’est sur des sentiments d’espoir que M. Naegelen achève son exposé.
« L’exemple lyrique de Michel-Ange montre que la flamme intérieure et le génie l’emportent sur l’ombre de la mort. Et nous ne voulons pas que notre France se décharge de ses fatigues en renonçant à sa vocation de messagère des idées et de Nation souveraine : ce renoncement serait sa mort… »
« Malgré le poids de sa grandeur, malgré ses faiblesses présentes, malgré sa solitude, quand sont en cause ses biens matériels, la France peut et doit être une très grande Nation… »
« C’est sur la conscience civique des Français que repose désormais notre destinée. C’est en fonction de ses réactions que nous demeurerons une gérontocratie convulsive ou que nous serons à nouveau traversés et fécondés par ces grands courants toniques qui nous ont permis si souvent d’étonner les autres peuples… »
« Il lui faut (à la France) se tenir fermement à la place qui correspond à son passé et à sa présente valeur. Il lui faut savoir qu’elle ne peut plus obtenir par la force brutale la prédominance ou la gloire. Sa force ne peut être désormais que dans la pensée, sa prédominance et sa gloire dans la qualité des idées qu’elle répandra et fera admettre… »
« … Le monde attend de la France, car il en a besoin, une nouvelle preuve de vitalité. » ♦