Hiéroglyhes
L’auteur du roman célèbre Le Zéro et l’Infini fait ici son autobiographie pour la partie de son existence qui s’étend de son entrée dans le Parti communiste (1931) jusqu’à son établissement en Angleterre (1940). Cet ouvrage est écrit avec une sincérité indiscutable, sincérité appuyée sur une aptitude exceptionnelle à l’analyse intime. Nous vivons le déroulement du drame d’une conscience, depuis les enthousiasmes du début jusqu’à la rupture, en passant par les premières inquiétudes, les doutes, la perte de confiance, l’ébranlement de la foi. En même temps, les différents avatars de Kœstler sont pour nous l’occasion d’informations précieuses. C’est ainsi qu’une mission accomplie en URSS nous ouvre des aperçus édifiants sur la vie sociale au Caucase, dans le Turkestan, à Bokhara, à Samarkand. À Paris nous pénétrons dans les dessous de la clandestinité des cellules. Le récit de l’incarcération de l’auteur, condamne à mort en Espagne, comporte l’analyse d’une certaine « névrose de l’anxiété » dont une des formes est « l’enchantement » qu’il éprouvait en résolvant des problèmes de géométrie descriptive, dans la pleine conscience de sa situation désespérée.
Son détachement du PC est si progressif que l’incident ayant provoqué la lettre de démission apparaît insignifiant. C’est vraiment la goutte d’eau qui fait déborder le vase. ♦