« L’Europe est promise au rôle secondaire que lui dictent ses dimensions »
Paul Valéry

Plus de trente ans ont passé depuis qu’à Yalta deux superpuissances ont jeté les bases de leur règle du jeu pour le partage du monde. Ce partage pèse encore lourd sur le destin de nombre de nations vouées à subir peu ou prou la loi d’un protecteur. Des données nouvelles sont cependant apparues qui tendent à modifier progressivement l’équilibre mondial. Il s’agit en premier lieu de la montée de certains « états-continents », tels la Chine, l’Inde et le Brésil, futures puissances du 21^e siècle. Il s’agit aussi de la percée économique des vaincus de la dernière guerre, le Japon et l’Allemagne, qui ont trouvé dans un remarquable essor industriel et commercial un exutoire au dynamisme de leur peuple et une compensation à l’aliénation d’une partie de leur liberté politique ou stratégique.

L’Afrique, considérée à l’époque comme contrôlée par les puissances coloniales, avait été exclue du partage de Yalta. Elle est devenue aujourd’hui, au même titre d’ailleurs que nombre de pays en voie de développement, un enjeu dans la lutte permanente à laquelle se livrent les superpuissances. Cette déstabilisation, mise en pleine lumière dès 1975 par l’intervention armée soviéto-cubaine en Angola, risque de conduire certains de ces jeunes États vers une forme nouvelle de satellisation. Ils n’ont pas, en effet, les moyens de résister seuls à de telles entreprises.