Von anderen Deutschland [De l’autre Allemagne]
Ulrich von Hassel, diplomate de la vieille école, était ministre d’Allemagne à Copenhague et à Belgrade avant d’être, de 1932 à 1937, ambassadeur à Rome. Limogé à cause de son opposition à l’alliance militaire avec l’Italie, ce diplomate que M. Patijn, ancien ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, caractérise, dans une lettre, préface, comme « martyr pour une grande cause, à laquelle il s’était voué par patriotisme » et comme « un homme d’honneur au caractère loyal », s’est rallié à l’opposition au régime nazi. Candidat au poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement du 20 juillet 1944, il est mort courageusement, pendu en septembre.
Son journal embrasse la période du 17 septembre 1938 au 13 juillet 1944. Il contient des jugements perspicaces, des aperçus intéressants, notamment ses impressions sur la résistance en France dont il a saisi la portée et sa visite au général von Falkenhausen en Belgique. Les généraux allemands, à l’exception de Beck et de plusieurs autres, lui inspirent une profonde méfiance à cause de leur servilité. « Il ne faut pas compter sur les généraux », écrit-il dès 1940. On pourrait dire de chaque Allemand la parole de Goethe : « J’ai deux âmes dans ma poitrine. L’une est pleine d’indignation et de sentiments nobles. L’autre se met au garde-à-vous devant les chefs. » Il écrit également dans son Journal : « L’obéissance prussienne subsiste non pas là où elle serait nécessaire, c’est-à-dire, dans la troupe et le corps des officiers, mais dans les hautes sphères où l’obéissance devrait être étayée sur le jugement et la responsabilité politique. C’est là qu’elle est appliquée à la lettre et non en connaissance de cause. Les généraux qui veulent renverser le gouvernement attendent ses ordres pour agir. »
Il est arrivé à ce diplomate perspicace de se tromper. C’est ainsi qu’en février 1940 il a offert, à Arosa (Suisse), à un agent britannique, un projet de paix de compromis, comprenant le rattachement de l’Autriche et du Pays des Sudètes à l’Allemagne, la reconnaissance de l’indépendance de la Tchécoslovaquie et de la Pologne avec la frontière de 1914, pour cette dernière, et le statu quo de la frontière occidentale.