Penser une défense européenne oblige à réfléchir à la nature des différentes menaces et à leur interaction pour les pays concernés. De fait, les perceptions sont diverses et les conséquences en besoin de défense ne sont pas les mêmes. Le risque est de voir certains États s’investir réellement tandis que d’autres restent réticents à assumer cette responsabilité.
Menaces, biens publics et demande de défense européenne
Threats, Public Property and a Demand for European Defence
Any thought of European defence naturally requires consideration of the various threats and of how they interact with regard to the countries involved. Different countries have different perceptions and their consequences in terms of defence needs are far from uniform. The risk is that some states might make a considerable investment, whereas others would remain reluctant to take on the responsibility.
Dans le contexte actuel, les instances multilatérales sont de plus en plus remises en cause par l’administration américaine depuis l’élection de Donald Trump. Cela a récemment conduit le Président américain à critiquer plus ouvertement l’Otan en ce qui concerne le partage du fardeau.
Ces critiques et les évolutions récentes de l’environnement stratégique poussent à une forme de coopération entre les pays européens. Les pays de l’UE se retrouvent désormais « en première ligne » et doivent nécessairement s’adapter à ces nouveaux enjeux de sécurité, en témoignent, pour ne citer que les événements les plus récents de l’agenda européen de la défense, les discussions du Sommet de Bratislava en 2016, la création d’un Fonds européen de défense en 2017, le discours d’Emmanuel Macron sur la nécessité de se doter d’une doctrine, d’une culture et d’une stratégie commune en Europe en 2017, la création de la direction générale « Industrie de la défense et de l’espace » de la Commission européenne ou encore en 2018 le lancement de l’Initiative européenne d’intervention visant à favoriser les échanges entre acteurs opérationnels afin d’améliorer les opérations menées en commun.
Jusqu’à présent, l’essentiel des initiatives porte sur les moyens pour intégrer davantage les pays européens, sans réellement questionner les besoins collectifs pour faire face aux menaces qui les touchent. Schématiquement, on peut considérer que la politique de défense de l’Europe comporte deux volets : un premier concernant les moyens (budgétaires et industriels) et un second concernant les menaces et les ambitions. En termes économiques, les moyens caractérisent l’offre de défense alors que les menaces et ambitions désignent la demande de défense.
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