L’Occident doute de plus en plus alors même que l’occidentalisation ne cesse de progresser, y compris dans des régions opposées au modèle occidental. Or le « chacun pour soi » et les égoïsmes nationaux ne sont pas une perspective réjouissante car introduisant une incertitude déstabilisatrice, faisant presque regretter le temps de la guerre froide.
Qu’il était bon le temps de la guerre froide !
Oh, for the Good Old Days of the Cold War!
Despite the increasing doubts of the West, Westernisation continues to progress even in regions opposed to the Western model. Every man for himself and national egotism hardly offer an encouraging prospect, since they bring with them a destabilising precariousness, which makes us almost regret the passing of the days of the Cold War.
En à peine trente ans, l’humanité a été témoin de la mutation de la toute-puissante Otan, d’une organisation triomphante, crainte et surtout désirée, notamment à l’est du rideau de fer, en une masse en état de « mort cérébrale » selon les termes du Président français. Ce recul de l’Otan dans l’estime de ses propres membres constitue l’une des illustrations les plus évidentes des doutes qui minent le camp occidental quant à ses perspectives géostratégiques ou simplement à son avenir.
Le monde occidental constitue d’abord un espace, celui allant de l’Europe de l’Ouest à l’Amérique du Nord, autour de l’océan Atlantique. Il vise également et surtout un camp, celui qui s’est opposé à l’ex-URSS. Le camp de la liberté, selon ses membres, qui a fini par défaire l’empire soviétique et le communisme international, au moins en termes économique et de bien-être. Il a ainsi pu installer sa domination sur la planète en la façonnant à son image, notamment lors des trente dernières années. Son modèle économique, sur fond de libéralisme et d’ouverture aux autres, son modèle démocratique basé sur le choix souverain des peuples quant à leur leadership, forment encore les normes internationales dans ces domaines. L’Occident a fait rêver et constitue encore un phare pour de nombreuses nations de par le monde.
Ce temps de domination absolue, comme à d’autres époques pour d’autres dominants, est en train d’évoluer et de refluer. Aujourd’hui, l’Occident voit sa puissance économique décroître en proportion de la puissance globale. Le PIB occidental est ainsi passé, en une génération, en dessous du tiers de la richesse mondiale contre plus de la moitié au moment de la toute-puissance de cette partie de la planète, au sortir des Trente Glorieuses. Cette part dans la richesse planétaire serait encore plus réduite si on excluait les secteurs des services. L’industrialisation, notamment le secteur manufacturé, qui a illustré la toute-puissance des économies occidentales et qui s’y est traduite par un taux de chômage quasiment nul, s’est ainsi déplacé vers l’Asie. La croissance et les emplois ont également suivi ce mouvement ! Illustration de ces bouleversements, le G20, groupe des vingt pays les plus développés, a supplanté le G7, à forte majorité occidentale, dans la gouvernance économique globale. D’autres invités sont de ce fait apparus à la table de banquet des puissances économiques.
Il reste 81 % de l'article à lire