L’Occident est-il en déclin ? Dans certains domaines, indéniablement alors même que paradoxalement l’occidentalisation progresse. L’Europe vieillissante et fracturée semble peu capable de relever ce défi et s’oriente vers une marginalisation progressive et la fin de sa civilisation au profit de nouveaux empires.
Après le déclin de l’Occident, sa fin – ou son accomplissement ?
What Follows the Decline of the West, its End or its Fulfilment?
Is the West in decline? In some areas undeniably so, although in others, Westernisation continues apace. An ageing and divided Europe barely seems able to rise to this challenge: it is gradually moving towards marginalisation and the end of its civilisation, to the benefit of new empires.
L’Occident, si on le compare à ce qu’il était à la fin du XIXe siècle, est en déclin indéniable : l’avance technologique et économique sur le reste du monde est perdue, la confiance en soi durement ébranlée, les grands empires coloniaux dissous, la solidité des structures sociales fracturée, l’homogénéité culturelle et ethnique profondément transformée. Mais en même temps, le monde n’a jamais été aussi occidentalisé qu’aujourd’hui, au début du XXIe siècle, où les valeurs, la technologie et la civilisation européenne constituent, du moins en surface, le cadre de référence même dans les zones les plus reculées de la planète. Comment peut-on allier ces deux états de fait en apparence si contradictoires, et surtout, qu’est-ce qui en découle pour l’avenir de notre civilisation ?
Il est évident que l’Europe se trouve à une croisée des chemins. Jusqu’à présent, et en opposition de plus en plus flagrante avec la réalité, elle a pu puiser dans les acquis des derniers siècles afin de maintenir en vie des paradigmes sociaux, économiques, politiques et culturels toujours ancrés dans la situation d’après-guerre et de plus en plus anachroniques. Ainsi, nos infrastructures vieillissent sans être remplacées, les dettes s’accumulent sans être remboursées, le système d’éducation s’érode de plus en plus à force de réformes, la polarisation sociale s’accroît de jour en jour, les administrations publiques se sclérosent graduellement, l’innovation économique est étranglée par la surrèglementation – le tout jusqu’au moment où le système craquera sous ses propres contradictions. Alors, nous constaterons bel et bien la fin de tout un paradigme, de tout un monde – sans avoir pu prendre la mesure de la crise et développer, à temps, d’autres solutions.
Dès lors, un premier pas vers une meilleure compréhension de notre situation ainsi que des possibilités que pourrait nous réserver le futur serait déjà de l’analyser grâce à une prise de distance maximale afin de garantir autant d’objectivité que possible : rien de mieux donc que d’approcher ce problème en utilisant la méthode du comparatisme historique. Ainsi, dans la suite, nous allons d’abord procéder à un constat de notre situation actuelle d’un point de vue de la morphologie des civilisations, puis analyser l’occidentalisation du monde moderne avant d’esquisser les scénarios futurs qui découlent de cette approche et de hasarder quelques conclusions.
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