L’expérience de Daguet a transformé l’Armée de terre en soulignant le besoin de formation des officiers à la manœuvre interarmées, en s’appuyant sur l’excellence et la rusticité de ses soldats, tout en assurant le renouvellement des capacités. Aujourd’hui, le retour de la haute intensité s’appuie sur ces décennies d’expérience.
Les conséquences de la guerre du Golfe sur le modèle de l’Armée de terre
Consequences of the Gulf War on the Model of the Army
The experience of Operation Daguet (the French Gulf War operation) transformed the army by emphasising the need for officer training on joint manoeuvres, building upon excellence and the hardiness of soldiers and at the same time ensuring renewal of capabilities. Today’s return of high-intensity operations draws on those decades of experience.
Dernière opération de la période de la guerre froide et première opération de l’époque nouvelle, l’opération Daguet a vu l’engagement de plus de 12 000 militaires professionnels projetés sur un théâtre d’opérations lointain avec le soutien nécessaire et tout leur matériel de combat, que ce soit des blindés, des véhicules de l’avant blindés, des hélicoptères, des avions de chasse et de transport, etc. Cette opération a sans nul doute constitué un tournant important dans les engagements militaires de notre pays avant que l’écroulement de l’empire soviétique ne remette en cause les fondements stratégiques de notre système de défense. Composante terrestre de cette opération, la division Daguet a été, pour l’Armée de terre, un laboratoire du combat interarmées et interarmes. Cette opération a surtout été la source d’enseignements riches et variés. Toutefois, les conséquences de la guerre du Golfe pour l’Armée de terre sont de nature bien différente. Plusieurs enseignements majeurs, dans le domaine de l’enseignement et de la réflexion notamment, découlent de cette opération et profitent encore en 2021 aux états-majors terrestres.
L’évolution des scolarités de l’enseignement militaire supérieur
Dans le domaine de la formation, la guerre du Golfe a lancé une réelle évolution des scolarités de l’enseignement militaire supérieur. En 1993, tirant les enseignements de l’opération Daguet et réalisant la nécessité de mieux travailler en interarmées, l’armée a décidé de réorganiser la formation du 2e degré, ce qui a entraîné la transformation des écoles de guerre respectives de chaque armée, ainsi que celle du Cours spécial interarmées en Collège interarmées de Défense (CID) (1). Celui-ci a dès lors dispensé une année de cours, elle-même précédée d’une formation en tactique et en planification opérative propre à chaque armée.
L’Armée de terre conserve encore aujourd’hui cet enseignement militaire supérieur « terre » spécifique puisque l’École de Guerre Terre précède la formation interarmées à l’École de Guerre. Si le contenu de cette formation a évolué au cours des trois dernières décennies, la politique globale de cet enseignement est restée identique : il s’agit bien de former les chefs dont l’Armée de terre aura besoin dans le futur. En 2021, cette politique a été réévaluée au regard de l’ambition et de la vision stratégique du général d’armée Thierry Burkhard afin que « la France dispose d’une Armée de terre durcie, prête à faire face aux chocs les plus rudes ».
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