L’Artillerie lourde sur voie ferrée française des origines à 1945
L’Artillerie lourde sur voie ferrée française des origines à 1945
La couverture de ce beau livre donne le ton en proposant de frapper fort avec l’obusier de 400 mm, modèle 1915, de Saint-Chamond. Cet ouvrage met donc en lumière un aspect peu connu de l’histoire militaire, tant il faut admettre que l’imagerie de l’artillerie française a plutôt retenu le 75 mm repoussant l’ennemi sur la Marne ou à Verdun. Forcément, avec la Première Guerre mondiale, on pense d’abord au Poilu en bleu horizon dans sa tranchée, fusil Lebel en mains, baïonnette au canon.
Il faut saluer le soin apporté à la réalisation de ce livre, fruit de quarante années de recherches et d’une collecte méticuleuse de témoignages, de documents et de photographies (450). Le texte d’un expert habité par son sujet et une photogravure haut de gamme sont à la hauteur de ce travail d’historien de l’armement et de la défense.
Oui ! Il y eut bien une artillerie lourde française, le produit d’une révolution industrielle globale, celle du chemin de fer, de la vapeur et de l’acier. D’où un effort inouï de l’industrie pour doter les armées de pièces de très gros calibre montées sur train. L’un des mérites de l’auteur est bien de décrire dans le détail ces mécaniques lourdes et compliquées destinées à armer des formations spécialisées : l’artillerie lourde sur voie ferrée, l’artillerie lourde à grande puissance et la réserve générale d’artillerie lourde. Leur vocation : détruire les bunkers, frapper les arrières de l’ennemi et, in fine, accélérer l’issu du conflit. À l’heure des drones légers armés de petits missiles air-sol, des engins balistiques et des pièces ultra-précises montées sur camions (du Caesar au lance-roquettes Himars américains), on reste en arrêt devant ces géants, des monstres d’acier de 150 tonnes tractés par de grosses locomotives à vapeur et lançant des munitions de 400 kilogrammes. ♦