La guerre conduite par Vladimir Poutine contre l’Ukraine traduit une ambition impérialiste visant à réintégrer ce pays récalcitrant dans l’espace post-soviétique. C’est aussi un gâchis effroyable, isolant durablement la Russie désormais hostile à tout ce qui vient d’un Occident largement fantasmé par le Kremlin.
L’actuelle guerre de la Russie en Ukraine : une analyse multidimensionnelle (2/2)
Russia’s Current War in Ukraine: a Multi-Dimensional Analysis(2/2)
The war against Ukraine waged by Vladimir Putin is in line with an imperialist ambition aimed at re-integrating that recalcitrant country into the post-Soviet sphere of influence. It is also an appalling mess, which is resulting in the long-term isolation of Russia, now hostile to all that comes from a version of the West dreamed up by the Kremlin.
Note préliminaire : La première partie de cet article a été publiée dans le numéro de janvier 2023.
La dimension « guerre civile »
Une guerre civile oppose, par principe, citoyens, frères, semblables politiques (1). Elle peut être vue comme une agression endémique interne qui contamine une société donnée et/ou comme une rupture brutale du lien social, les deux dérivant vers un désordre violent et meurtrier totalement irrationnel. Les guerres civiles américaine (1861-1865) et espagnole (1936-1939), pour ne prendre que ces deux exemples, ont largement confirmé les dimensions irrationnelles et brutales de ce type de conflit, où ce qui est visé n’est rien moins que l’anéantissement de l’adversaire (2). La guerre civile oppose deux parties irréconciliables et devient existentielle pour chacune d’elles.
Si la Fédération de Russie et l’Ukraine sont bien deux États distincts et internationalement reconnus comme tels (3), leurs histoires respectives sont étroitement mêlées et leurs populations très proches. Le dossier s’est compliqué avec le temps par des brassages de groupes ethniques, des modifications de frontières lors de l’empire russe et de l’Union soviétique, et finalement au moment de la disparition de cette dernière suivie des indépendances. Sans remonter trop loin dans l’histoire, celle-ci nous éclaire sur un passif entre les deux pays. Dans le sillage de la révolution bolchevique, le nouveau pouvoir soviétique combat toute opposition sur son territoire et, notamment, le mouvement anarchiste ukrainien (1919-1920) conduit par Makhno. Plus tard (1932-1933), il soumet le pays en provoquant une grande famine (Holodomor) qui va décimer la population et dont le caractère génocidaire sera souligné mais jamais reconnu par les autorités russes. Ce sont probablement les mauvais traitements imposés par le régime soviétique à l’Ukraine qui a conduit certaines franges de sa population à des comportements parfois ambivalents lors de l’invasion nazie.
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article