Editorial
Éditorial
2023, année de guerres de haute intensité où tous moyens et modes d’actions sont utilisés par les belligérants. Il y a bien sûr l’Ukraine qui s’efforce de repousser l’envahisseur russe. Malgré un rapport de force défavorable, elle a su compenser son manque initial de matériels par une capacité à innover et à produire des systèmes efficaces et peu chers, dont les drones qui, après avoir conquis la troisième dimension, sont devenus des effecteurs efficaces dans le milieu marin. Il y a la guerre dans la Bande de Gaza à la suite des massacres terroristes du 7 octobre, obligeant Israël à réagir en vue d’essayer d’éliminer le Hamas, responsable des pogroms de ce funeste samedi.
Pour autant, d’autres lignes de front et de confrontation sont actives. Il y a le Sahel englué dans ses coups d’État et des juntes aux abois face à des groupes terroristes ou dissidents. Il y a l’Indo-Pacifique où le compétiteur chinois exerce une pression croissante sur ses voisins, ceux-ci s’efforçant de mieux contrôler leurs espaces de souveraineté alors même que les élongations sont une contrainte majeure empêchant une ubiquité des systèmes de défense.
L’usage des drones et des robots est ainsi devenu une réalité quotidienne avec une diversification croissante : du nanodrone tenant dans la main d’un soldat pour regarder de l’autre côté de la colline, jusqu’au mastodonte aérien ou sous-marin dont l’endurance dépasse largement celle d’un équipage humain. L’innovation y est permanente avec, simultanément, un élargissement des possibilités et une accélération des productions, au risque de rendre rapidement obsolète tel système jugé trop lourd ou trop complexe à mettre en œuvre. Il y a là un véritable défi : pour notre BITD avec l’obligation de concevoir rapidement et de produire en quantité ; pour notre écosystème souvent habitué à des programmes d’armement s’étalant sur des années.
Systèmes de systèmes, systèmes d’hommes et de femmes mais aussi un besoin de mieux comprendre les défis d’aujourd’hui pour préparer notre défense de demain. C’était l’un des objectifs des Conversations de Gouvieux où les échanges riches ont alimenté la réflexion stratégique en dépassant le simple cadre de la défense militaire. La RDN se devait de contribuer à ce débat si nécessaire en cette période si critique.
En effet, s’il est encore un peu tôt pour dresser un bilan définitif de cette année, il apparaît clairement que, pour certains États ou organisations, la guerre est redevenue un « droit » comme mode de régulation, tout en refusant de respecter le droit de la guerre. Les uns recherchent la bataille décisive, comptant sur l’attrition de l’adversaire, les autres la sidération pour accélérer le chaos et remettre en cause un monde jugé trop « occidentalisé » et non conforme à de nouvelles « valeurs » loin de nos pratiques européennes.
Les défis de 2024 vont être immenses avec une 3e année de guerre en Ukraine, des élections européennes – dans lesquelles Moscou favorisera certainement des candidats eurosceptiques – et l’inconnue du suffrage de novembre aux États-Unis, sans oublier les autres crises ou la guerre de Gaza et ses conséquences. ♦