Revue des revues
• Europaïsche Sicherheit, n° 9/2004 : « La décision pas du tout facile ». La décision pas du tout facile, c’est, pour H. Bartels, celle à prendre cet automne par P. Struck, ministre de la Défense, pour rationaliser les stationnements d’une Bundeswehr empêtrée dans des installations surdimensionnées, dispersées, vieillies et (faute de crédits) assez mal entretenues. La fermeture de 90 à 110 des 500 garnisons existantes est prévue.
Connue cet été, la décision américaine de rapatrier progressivement 70 000 de ses miliaires stationnés à l’extérieur (1) a provoqué en Allemagne d’intenses discussions, « simple avant-goût » de ce qui attend le ministre lorsqu’il fera connaître son plan. Sitôt rentré de vacances, il a d’ailleurs annoncé que les fermetures de garnisons américaines seront intégrées dans ses réflexions sur le stationnement.
Il est naturel qu’élus et notables de tous bords montent au créneau pour défendre le maintien de « leurs » soldats, importante source d’emplois locaux et d’activité commerciale. Il est, de plus, impératif d’éviter des frais d’entretien inutiles (2), de limiter les pertes de temps en déplacements et de tirer d’installations d’instruction modernes le rendement optimum, même si la « désertification militaire » qui résultera ici ou là de ces fermetures nuit à la politique de recrutement. Dans cette optique, les appelés deviennent le principal point de contact entre les armées et la population des sites abandonnés, « une raison de plus de conserver le service militaire ».
Dans le passé, les armées ont eu souvent des situations de tension avec les civils, à propos de dégâts de manœuvre ou de nuisances causées par les survols mais, cette fois, la contestation sera beaucoup plus générale. Le plan du ministre soulèvera une levée de boucliers de la part de ceux qui ont des responsabilités dans les garnisons à fermer. Il relève, d’une part et à juste titre, que ses compétences ne s’étendent pas aux problèmes du ressort des ministères économiques et, d’autre part, qu’avec les capacités futures d’emploi exigées de la Bundeswehr et l’exiguïté de ses finances, il n’y a pas d’autre choix : une réduction drastique de ses implantations s’impose. « On ne peut souhaiter au ministre que d’avoir une solide santé en vue des discussions qui s’annoncent ». ♦
(1) La mesure était en germe dès la fin de la guerre froide ; le terrorisme la rend encore plus nécessaire : les États-Unis souhaitent entretenir moins de bases, mais situées à proximité des zones de crises possibles. Dotées de dépôts, elles accueilleraient au moment du besoin les forces mobiles arrivant des États-Unis. Bien que l’importance de l’Europe ait diminué pour la stratégie américaine, l’Allemagne restera pour elle une plaque tournante importante : siège de Eucom, grand commandement américain interarmées, bases aériennes de Ramstein et Sprangdahlen, installations de l’Army à Grafenwöhr, où les aménagements se poursuivent, Hohenfels et Vilseck. NdT - Le n° 7/04 d’E.S. a publié un commentaire de S. Dean sur une déclaration du général C. Jones (SACEUR) traitant des « Plans américains de stationnement dans l’espace européen élargi ».
(2) P. Struck avait obtenu que le produit des ventes de biens militaires, meubles ou immeubles, vienne en ajout du budget voté. NdT - Dans la situation actuelle, il est toutefois douteux qu’il obtienne des installations cédées le prix espéré…