L'auteur publiera prochainement chez Armand Colin, un livre intitulé Suez, Panama et les routes économiques mondiales. Voici la primeur de ce chapitre sur la Défense de Panama.
La défense du Canal de Panama
I
Quelle que soit sa grande valeur économique, ce ne sont pas les raisons commerciales qui ont incité les États-Unis à construire le canal de Panama : la préoccupation dominante du gouvernement américain, aujourd’hui comme hier, est essentiellement politique, plus exactement militaire. Dès l’instant qu’il s’agit en effet, dans la pensée officielle, d’une communication interocéanique nécessaire à la pleine unité du pays, le souci primordial est naturellement d’en assurer la protection, non pas internationale, mais en tant que voie maritime strictement américaine. À cet effet, soit explicitement, soit du fait d’omissions significatives, le droit d’employer la force armée, celui d’établir dans l’isthme de Panama des fortifications ou des bases navales, sont reconnus à l’état américain, soit par le traité Hay-Pauncefote, soit par le traité Hay-Bunau-Varilla.
De là cet aspect militaire de l’isthme, qui ne peut manquer de frapper tous les visiteurs : « Tout est dirigé à Panama par les militaires, écrit M. Georges-Edgar Bonnet, et tout paraît l’être essentiellement en vue de préoccupations militaires. Ce sont d’ailleurs ces préoccupations qui ont été à l’origine de l’intervention des États-Unis. Toute la zone du canal est pratiquement militaire : partout des forts, des îles fortifiées, des batteries puissantes. Le long du canal, on rencontre de multiples agglomérations, qui sont uniquement des camps et des garnisons. Il y a en permanence sur le canal une garnison de 10.000 à 12.000 hommes (aujourd’hui 25.000), soit un tiers ou un quart de la population totale. C’est pour les troupes aussi bien que pour ses agents, que l’administration du canal entretient les routes, les maisons, les transports, les hôpitaux, les écoles, les clubs. L’activité navale et aérienne est intense. Une escadre a Balboa comme base permanente. Cristobal est une station de sous-marins et d’hydravions de guerre. Chaque année la flotte américaine se réunit à Panama et c’est dans cette région qu’elle exécute ses grandes manœuvres (1).
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