La « Marseillaise »
Depuis que le Pangermanisme, furieusement incarné par Hitler qui, en son orgueilleux esprit de domination et son insatiable voracité, en a dangereusement accru la virulence, que de fois, passant place de l’Étoile, près de l’Arc de Triomphe, et allant me recueillir — chapeau bas — sur la tombe du Soldat Inconnu, me suis-je arrêté, pour une autre méditation, devant la Marseillaise, le magnifique haut-relief de Rude qui décore d’une manière si noble le pilier droit de l’Arc triomphal !
Et, ces derniers mois surtout, dans l’atmosphère d’orage, de plus en plus lourde et menaçante, qui pesait sur le monde, que de fois, au cours de ce silencieux pèlerinage patriotique, ai-je rencontré devant le chef-d’œuvre du grand sculpteur Rude, des Français et des Françaises qui, comme moi-même, après avoir rendu hommage au défenseur anonyme de la France, sous sa dalle de pierre, venaient raviver leur foi, leur force, leur espoir en contemplant cette sculpture où son auteur a su mettre l’énergie et l’élan de notre pays révolté par l’agression étrangère !
Debout parmi les guerriers qu’elle enflamme et comme planant au-dessus de ces hommes à l’élan desquels elle reste pourtant mêlée, cette figure de la Marseillaise a la vie, le mouvement, la beauté d’une de ces statues de la Victoire que l’Art grec nous a léguées. Les bras tendus, son beau corps jeune et ferme tout frémissant de la passion qui l’anime, les lèvres entr’ouvertes pour l’air et les paroles qui en jaillissent ardemment, cette irrésistible figure volante électrise de son chant les héros qui l’entourent. Ils marchent au même rythme qu’elle. Leurs yeux, tous les traits de leur visage expriment la même résolution farouche. Ils apparaissent vibrants d’un enthousiasme pareil. On sent que, soutenus par une telle foi, par une telle espérance, ils briseront tous les obstacles.
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