La mobilisation des champs
À la fin de septembre, nous traversions le territoire d’une commune de l’Oise ; dans un champ, une équipe de femmes était en train d’arracher des betteraves sucrières. Notre souvenir, très vivace, se reportait à vingt-cinq ans en arrière ; exactement dans le même champ, en septembre 1914, nous admirions des femmes qui travaillaient de même, sans sembler troublées par la bataille qui faisait rage à quelques kilomètres de là.
Quelle différence de situation pour nous après un premier mois de guerre ! En septembre 1914, les parties les plus riches, au point de vue de la production agricole, des départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l’Aisne, des Ardennes, de l’Oise, étaient entre les mains des Allemands qui avaient pu s’emparer des magnifiques récoltes de céréales qu’on avait à peine commencé à moissonner quand la guerre éclata ; à la fin de septembre 1914, les deux tiers de nos fabriques de sucre étaient en territoire occupé ou sous le feu de l’ennemi.
Aujourd’hui, au contraire, partout en France, fourrages, blés, orges et avoines, malgré les difficultés qu’ont causé la mobilisation d’abord, et ensuite, une saison pluvieuse, ont pu être récoltés, mis à l’abri ; les battages se poursuivent, les vendanges s’achèvent, l’arrachage des betteraves est commencé ; rarement, on aura obtenu un aussi gros poids de racines à l’hectare.
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