Dans le climat de réformes où nos sommes, l’objectif de dégraisser le soutien organique des forces est fondé et les marges de progression par l’interarmisation des services et de l’administration centrale sont encore largement inexploitées. Encore faut-il appréhender avec intelligence et prudence des questions complexes, sans perdre de vue le caractère opérationnel du soutien actuellement dispensé par les services. Dans le domaine de l’administration générale notamment — l’intendance — certains enjeux qui touchent à la conception même du commandement, à l’autonomie de décision du chef militaire et à la liberté de manœuvre des forces ne doivent pas être oubliés.
Les Services : modernité et pertinence d'un modèle d'organisation militaire
The support services: the modernity and relevance of a model of military organisation
In today’s climate of reform, the need for a streamlining of the organic support of the armed forces is undeniable. Room for progress in the centralisation of services and administration is largely unexploited. All the more reason to assess these complex matters with intelligence and prudence, without losing sight of the operational character of the support currently provided by these services. Particularly in the area of supplies, which touches on issues that affect the very idea of command, the independence of the military commander and the freedom of manoeuvre of his forces must be considered.
Il est d’un usage quasi immémorial d’opposer services et forces, dès lors que la réflexion porte sur la recherche d’économies dans l’organisation militaire. C’est le plus souvent oublier que les services n’ont été créés, puis ne se sont développés que pour répondre aux nécessités imposées par le fonctionnement des armées en temps de guerre comme en temps de paix.
Ils n’ont pas d’autre justification et, dans une dialectique idéale jamais atteinte, aucun hiatus ne devrait exister entre ces deux composantes consubstantielles à l’existence d’armées permanentes. Quarante-six années émollientes de paix plus ou moins armée et d’action humanitaire ne doivent pas faire perdre de vue le concours permanent apporté par les services de soutien à « l’opérationnel », entendu dans son sens restrictif et réducteur communément retenu.
Aujourd’hui encore et pour longtemps, les services en tant qu’organisations militaires spécialisées subordonnées au commandement constituent la réponse fonctionnelle la plus cohérente aux exigences de l’efficacité opérationnelle et plus largement de la performance. Les faiblesses actuelles identifiées — qui résultent pour l’essentiel d’une interarmisation insuffisante au regard de la réduction du format des armées et, sans doute, de quelques arrière-pensées corporatistes surannées — ne doivent pas conduire, selon l’expression populaire, à « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
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