La sécurité environnementale est un concept relativement récent qui provoque d’intenses débats entre les théoriciens des relations internationales. Quel est l’objet référent de la sécurité environnementale ? Dans quelle mesure la rareté d’une ressource naturelle est-elle une cause de « guerre verte » ? Le changement climatique est-il une menace à la sécurité nationale ? Autant de questions que cet article aborde par un état des lieux des approches théoriques de la sécurité environnementale dans le domaine des relations internationales.
Quand la sécurité devient verte
When security becomes green
Environmental security is a relatively recent concept which gives rise to intense debate at the heart of the theory of international relations. What is the referent object of environmental security? To what extent can the scarcity of a natural resource be the cause of a ‘green’ war? Is climate change a threat to national security? This article tackles these questions through a review of the literature on the theoretical work dealing with environmental security in the field of international relations.
La formalisation du concept de sécurité environnementale dans la théorie des relations internationales est relativement récente. Bien que des précurseurs aient ouvert la voie dès le début des années 70 en appelant à une réponse collective face aux problèmes environnementaux (1), l’ancrage du concept n’intervient qu’au début des années 90. Parallèlement, l’écologie politique commence à se développer à partir des années 60 sous l’influence de dynamiques sociales qui incarneraient le virage post-industriel des sociétés contemporaines.
Il faudra néanmoins attendre les années 80 pour que les préoccupations écologiques s’inscrivent véritablement dans l’agenda politique. L’activisme d’organisations comme World Wildlife Fund (WWF) ou Greenpeace et la création de partis verts à l’échelle de l’espace politique européen faciliteront d’ailleurs cette prise de conscience collective.
L’intégration de la thématique environnementale est donc intimement liée au développement parallèle d’une réflexion académique et d’un discours politique, les deux s’alimentant réciproquement en fournissant un substrat théorique et pratique pour traiter cette nouvelle forme d’insécurité. Pourtant, le concept de sécurité environnementale ne donne pas lieu à consensus. Encore faudrait-il disposer d’une approche commune de ce que représente la sécurité en tant que telle, ce qui n’est pas le cas : la sécurité de quoi et la sécurité pour qui ? À l’image de ce débat central que connaît la théorie des relations internationales, la sécurité environnementale reste ainsi un concept dont chaque spécialiste aura sa définition, le contenu de celle-ci étant finalement déterminé par deux questions : quelle est la source d’où provient l’insécurité environnementale et quelle entité faut-il sécuriser ? D’où une équation à deux inconnues qui élargit considérablement le champ des possibles.
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