Depuis quelques mois, la revue s'est attachée à étudier les problèmes des rapports de la défense militaire, et en particulier ceux posés par l'existence des armes nucléaires, avec l'éthique et la morale. C'est ainsi que nous avons publié « Pacifisme et idéologies » de Philippe Forget en juillet 1983, dans le même numéro « Les évêques allemands et américains et la promotion de la paix », en août/'septembre « Les églises protestantes et l'arme nucléaire » du pasteur Collange. Aujourd'hui, nous redonnons la parole au père Coste pour commenter le très récent document adopté le 8 novembre à Lourdes par l'Assemblée plénière de l'épiscopat français sous le titre « Gagner la paix ».
Les évèques français et la construction de la paix
Au cours de l’année 1983, diverses conférences épiscopales catholiques ont pris publiquement position sur les problèmes de la guerre et de la paix : Allemagne fédérale, États-Unis, Hollande, Allemagne orientale, Autriche, Hongrie, Suisse, Irlande, Belgique, Japon, et maintenant la France. En aucune année antérieure, on n’aurait pu rassembler autant de documents épiscopaux sur ces mêmes thèmes : ce qui est le signe évident d’une prise de conscience commune de leur extrême gravité en ce moment de l’histoire que nous vivons. De la sorte, des comparaisons sont possibles, qui font ressortir les points fondamentaux d’accord et les accents particuliers de chacun.
Le document adopté, début novembre, par l’Assemblée plénière de l’épiscopat français et qui est intitulé Gagner la paix, est beaucoup moins volumineux et beaucoup moins fouillé que ceux des évêques allemands et des évêques américains, tout de même d’une certaine dimension (équivalente, par exemple, à celle du document hollandais), qui permet d’expliciter suffisamment la pensée de ses auteurs sur des problèmes complexes.
Ainsi que je l’ai fait dans cette même revue pour les deux premiers documents que je viens de mentionner (1), je vais en tenter une présentation précise en le situant dans son contexte ecclésial, qui seul en permet une interprétation correcte. Le document doit être lu en entier et situé dans cette perspective. Sinon on le dénaturera, comme si, par exemple, on voulait en faire une lecture exclusivement politique. Certes, il a une portée politique, mais sa perspective est pastorale : c’est celle-ci qui fournit la clef fondamentale d’interprétation. Et on ne peut pas se contenter des informations fournies par les mass media. Témoin, ce présentateur d’une chaîne de télévision qui expliquait que les évêques français étaient favorables à la dissuasion nucléaire, alors que les évêques américains lui étaient opposés. L’information était inexacte en ce qui concerne ces derniers et elle était insuffisante en ce qui concerne les premiers. Mon commentaire suivra le plan même du document et en empruntera les titres : I. Entre la guerre et le chantage ; II. La dissuasion nucléaire ; III. Construire la paix.
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