Sous un titre un peu sévère, ce texte est en fait un remarquable plaidoyer pour la défense des valeurs morales et intellectuelles de la France. L’auteur s’est déjà exprimé sur ce thème, mais dans ses aspects plus techniques, dans la revue Stratégique.
La défense de la part immatétielle de l'économie française
La « défense économique » de la France présente des aspects variés, plus ou moins facilement intelligibles. La défense contre l’effraction, le vol ou le sabotage est suffisamment matérielle pour frapper les esprits, même si la protection est encore souvent trop faible. Il a fallu l’affolement causé par l’annonce — fausse — d’un gigantesque sabotage informatique le vendredi 13 octobre 1989 (par des virus propagés par les réseaux de micro-ordinateurs ou la dissémination de logiciels d’origine douteuse ou de copies illicites) pour que soit reconnue indispensable la protection de l’information. Nous voudrions, dans cet article, traiter de la défense de toute la part immatérielle de la richesse nationale que constitue la connaissance théorique et pratique, mais aussi les moyens de l’acquérir et de la faire évoluer, ce qui oblige à considérer la recherche et l’enseignement.
La défense de la connaissance et du savoir-faire
La première urgence est la préservation de la connaissance déjà acquise. Ses formes en sont multiples pour une entreprise. On pense d’abord au savoir-faire. Matériel, celui-ci peut alors être concrétisé sous la forme de modèles, d’échantillons — qu’il est souvent tentant de montrer à l’occasion de salons, de tournées de prospection chez des clients éventuels que l’on désire appâter —, mais qui risquent de trop apprendre d’une telle démonstration. Parfois même, l’ingérence est agressive et l’on raconte l’histoire des visiteurs japonais, trempant chacun sa cravate dans les bains différents du géant Kodak à Rochester (est-elle vraiment apocryphe dans sa totalité ?).
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