Discours du Premier ministre devant les auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 5 septembre 1986.
Défense et avenir de l'Europe
Chacun sait la contribution éminente de votre Institut aux débats géostratégiques et son rôle dans la préservation d’un esprit de défense, animé par le sentiment commun de l’intérêt national. Je suis heureuse de prendre la parole devant vous au moment où l’Europe connaît de profonds bouleversements.
La chute du mur de Berlin a sonné le glas du totalitarisme sur notre continent, dont tous les peuples se trouvent engagés aujourd’hui dans une même aspiration démocratique. Mais la destruction de ce symbole de la division de l’Europe qu’était le mur de Berlin, c’est aussi la fin d’un ordre contestable, fondé sur l’opposition de deux blocs antagonistes. Le sommet de Paris, en novembre 1990, a consacré la fin de Yalta, et, en même temps, la fin d’une confrontation qui a pesé sur nos options de défense depuis des décennies.
Certes il faut se garder de tout angélisme. Les motifs anciens de nos préoccupations de sécurité ne se sont certainement pas complètement effacés. L’accumulation des armements de toute nature sur notre continent est encore considérable, ne serait-ce que parce que les accords de désarmement très récents ne sont pas encore complètement mis en œuvre. À ces risques traditionnels, qui subsistent, viennent s’ajouter des causes nouvelles de tension ou de conflits en Europe et dans le reste du monde.
Les événements en URSS se sont accélérés. Le putsch du 19 août, qui a heureusement échoué, et la France s’en réjouit, a aussi précipité bien des évolutions. La situation est nouvelle et recèle une large part d’imprévu, pour nous bien sûr mais aussi pour les principaux acteurs : M. Mikhaïl Gorbatchev, M. Boris Eltsine et les responsables des républiques.
Au sud du continent européen, les peuples de Yougoslavie ne sont pas parvenus à retenir l’exacerbation des passions et des antagonismes entre nationalités. Face à cette situation, la France, avec ses partenaires de la Communauté européenne, poursuit ses efforts de conciliation de manière à la fois réaliste et volontaire. Mais, dans le même temps, les combats continuent. Comme l’a dit le président de la République : « Une fédération ne peut pas se fonder sur la force ». Il faut négocier. Et l’on sait la violence des haines qui divisent Serbes et Croates.
Les points de conflits potentiels existent en grand nombre. Entre les pays de l’Europe centrale et de l’Est et à l’intérieur de ces pays, les frontières sont issues de désastres irrémédiables et ont entretenu de grandes souffrances. Elles ne sont pas remises en cause, mais beaucoup les regardent avec les yeux de l’histoire. Pire, des communautés, des ethnies, constituent des enclaves menacées et parfois menaçantes.
La France suit depuis longtemps avec attention cette évolution. Elle sait qu’on compte sur elle pour éviter le pire. Son rôle dans le Conseil européen est irremplaçable. C’est pourquoi j’ai demandé à M. Lubbers, président de la Communauté économique européenne, de réunir dès que possible un Conseil européen. Je lui ai aussi suggéré d’y convier à la fois MM. Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, pour que nous puissions les entendre.
L’Europe doit tout faire pour s’exprimer d’une seule voix. En effet, parallèlement aux difficultés que connaît l’Europe de l’Est, un nouvel équilibre s’affirme, celui de la CEE, qui constitue le modèle envié et une référence. Les pays qui la constituent ont surmonté les antagonismes d’hier. L’Europe de la fin des totalitarismes, dont nous avons salué l’avènement, doit encore trouver de nouveaux équilibres pour prévenir les risques d’une instabilité durable.
De même le conflit israélo-arabe, que la Communauté internationale s’attache à résoudre, n’est pas encore dénoué à ce jour. Enfin, sur le continent africain, dans un nombre croissant de pays, le processus de démocratisation est en cours et s’est accéléré depuis le sommet de La Baule. Mais il reste aussi à relever le défi du développement pour renforcer ce mouvement.
Nous vivons un tournant historique pour notre défense. Il est évident que ces événements ont une incidence fondamentale sur notre vision stratégique. C’est ce que je voudrais tenter d’évaluer avec vous.
D’abord il faut réaffirmer clairement, même si cela peut paraître aller de soi, que l’impératif de défense demeure. Qu’on ne s’attende pas à ce que la France baisse la garde. Il n’y a pas de devoir plus impérieux pour un État que de créer les conditions matérielles et politiques de sa sécurité. Dans les moments de tension internationale, il faut pouvoir faire le choix de la fermeté et du refus de l’ambiguïté : de la crise ouverte par le déploiement des SS20 à celle née de l’annexion du Koweït par l’Irak, la France n’a pas reculé devant ses responsabilités. Elle ne le fera pas davantage dans l’avenir.
Ensuite, il faut souligner que les changements qui viennent de s’accomplir ont peut-être pour effet principal de replacer les questions de sécurité dans un contexte global. Cela est vrai au plan interne, pour la définition de notre outil de défense et son insertion dans l’ensemble national. C’est vrai aussi sur le plan international, où la politique de sécurité doit intégrer également les évolutions qui découlent des négociations de désarmement comme celles qui tiennent aux transformations du paysage européen.
D’abord l’impératif de défense
Une défense crédible reste un élément intangible de notre souveraineté et de notre indépendance. C’est d’ailleurs cette conviction qui me paraît être l’explication essentielle du consensus que notre pays montre sur les questions de défense. C’est bien en effet le souci de notre indépendance politique vis-à-vis de quiconque qui est en cause et non pas une perception plus forte qu’ailleurs des menaces susceptibles de peser sur nous.
Le besoin de défense continue à se poser en des termes strictement militaires, au moins pour deux raisons. La première tient à notre capacité de dissuasion. Elle constitue l’élément fondamental de notre dispositif de défense et la garantie de la paix dans un monde dont, l’histoire récente l’a montré, il ne faut pas sous-estimer le caractère imprévisible. La seconde touche à ce qui vient de se produire dans la région du Golfe. Cela nous rappelle que notre sécurité s’inscrit dans un contexte mondial.
L’affaire du Golfe a révélé l’importance des risques dans un monde caractérisé à la fois par une grande instabilité et un enchevêtrement, une globalisation des intérêts de sécurité, mais aussi de nos intérêts économiques et politiques. La guerre du Golfe a rappelé qu’un pays comme le nôtre a des responsabilités particulières à l’égard du respect des règles internationales. Enfin, elle a confirmé la nécessité pour l’Europe que nous construisons d’avoir les moyens de ses ambitions. Sa contribution dans la guerre du Golfe — je pense en particulier au rôle de l’UEO —, mais aussi les insuffisances que cette affaire a révélées, doivent être des leçons à exploiter alors que nous nous engageons vers une étape nouvelle de l’intégration européenne.
Ensuite, nous restons fidèles à nos alliances. Certes, l’Alliance atlantique et son dispositif militaire ont été conçus après la Seconde Guerre mondiale pour faire face à une situation bien spécifique. Elle n’est plus confrontée à un arsenal considérablement supérieur au sien, ostensiblement placé en position offensive au cœur de l’Europe.
Repli soviétique, effondrement de l’idéologie, disparition du Pacte de Varsovie, effort de démilitarisation des économies, la bataille démocratique a été gagnée dans la paix. Mais si cela implique que l’Alliance atlantique se rénove, le lien de solidarité qu’elle établit entre ses membres pour la préservation des valeurs communes qu’ils partagent doit demeurer.
De même, la coopération franco-allemande en matière de sécurité et de défense continue d’être un élément essentiel de notre politique de sécurité. Ne visant personne, cette coopération reste un axe majeur de notre politique européenne. Ma conviction est que les deux gouvernements, les deux pays, les deux peuples, sont d’accord sur l’essentiel, à savoir que la stabilité du futur ordre européen dépend en grande partie de l’étroitesse et de la solidité de leur coopération bilatérale.
Une approche plus globale de la sécurité
Quelle que soit la permanence nécessaire de certaines données fondamentales de notre politique de sécurité et de défense, il paraît clair que celle-ci ne se pose plus tout à fait dans des termes identiques à ceux qui prévalaient il y a encore très peu de temps.
Il me semble en premier lieu que la principale conséquence de la fin de la confrontation Est-Ouest est de replacer la question de la sécurité dans un contexte global.
Cette globalité de la défense n’est certes pas nouvelle. Les aspects économiques, sociaux, industriels de la sécurité d’un pays comme le nôtre vous sont bien connus. Mais il était parfois difficile de tous les prendre en compte dans un contexte caractérisé par le face-à-face de deux blocs militaires en quelque sorte tétanisés par la confrontation Est-Ouest. L’axe essentiel de la politique de défense était dans ces conditions tracé par la nécessité de répondre à deux impératifs obsédants : être en mesure de dissuader un dispositif adverse considérable et, si nécessaire, de participer aux côtés de nos alliés à la bataille d’arrêt d’une offensive majeure en Centre-Europe.
Les bouleversements du panorama européen permettent en quelque sorte d’en revenir à une approche plus globale et plus équilibrée de notre sécurité d’un double point de vue.
D’abord la définition de notre outil de défense. Vous savez que, autour du président de la République, les principaux responsables concernés du gouvernement ont engagé une réflexion visant à mener les adaptations nécessaires de notre outil militaire.
Dès le 3 mars dernier, le président de la République invitait le pays à engager un large débat sur l’équilibre futur des forces armées, leurs missions, leur composition. Le Parlement a déjà pu tenir, au mois de juin, une première discussion d’orientations avec le gouvernement. Un travail législatif considérable est en cours : le projet de loi sur le service national, le projet de loi de finances pour 1992 et le projet de loi de programmation, s’inscrivent dans une perspective à long terme de planification de notre défense à l’horizon 2002.
Ces travaux, comme je l’ai indiqué devant l’Assemblée nationale, se poursuivent sans préjugés ni tabous. Il devrait en sortir une armée mieux équipée, dotée de plus de puissance qu’aujourd’hui, mais plus ramassée : un format réduit pour les trois armées, mais dans des proportions compatibles avec la capacité d’exécuter leurs missions.
La physionomie nouvelle de notre défense, adaptée à un contexte stratégique en pleine mutation, s’inscrit déjà dans les priorités rappelées récemment devant la représentation nationale conformément aux orientations du président de la République : maintien de la suffisance nucléaire ; obtention d’un seuil de crédibilité en matière spatiale ; renforcement des capacités logistiques ; déflation des effectifs ; réduction du service national ; professionnalisation de certaines unités.
J’insiste ici sur les quatre directions qui marqueront cette planification.
— L’accent mis sur l’approche interarmées des programmes et des opérations : il importe de rapporter de plus en plus l’effort de défense à des concepts opérationnels, non aux distinctions traditionnelles par armées.
— L’effort constant pour adapter et moderniser nos armées en fonction des impératifs .de mobilité et de puissance de feu caractérisant aujourd’hui les combats.
— La nécessaire prise en compte de l’avenir par les études, la recherche et la formation. À cet égard, nous n’insisterons jamais assez sur l’importance de la dimension scientifique et humaine de la défense. Nul n’ignore que le haut niveau de développement scientifique et technique de la France doit beaucoup à la contribution de la défense.
— Enfin, la part croissante que prendra désormais, aux côtés de la force de dissuasion nucléaire et des forces conventionnelles, de nouveaux moyens dont nos expériences récentes dans le Golfe et l’évolution des risques de crise en Europe et dans le monde ont révélé l’importance stratégique : cela concerne l’espace, le renseignement et la communication.
Je voudrais tout particulièrement insister sur ce dernier point. Une révolution technologique s’est produite : celle de l’information. Elle concerne directement nos forces armées sous le triple aspect de la gestion du champ de bataille et de la chaîne de commandement, de la détection, du renseignement. Cette force est amenée à valoriser les autres composantes de nos moyens de défense.
Nous devons enfin nous préparer à contribuer comme il convient aux dispositifs de coopération militaire en évolution au sein de l’Alliance atlantique ou en voie d’émergence dans le cadre européen. On peut se demander à cet égard si dans un cas comme dans l’autre, nous nous sommes montrés capables d’une imagination adaptée à l’importance des changements intervenus ou en cours. J’y reviendrai un peu plus tard à propos de l’Europe, laissant en ce qui concerne l’Otan la responsabilité de la réponse à nos alliés engagés dans les structures militaires intégrées.
La globalité de notre politique de sécurité et de défense signifie également que nous devons mieux tenir compte des éléments non directement militaires de notre sécurité.
Être indépendant, c’est aussi se battre avec la dernière énergie pour ne pas se laisser distancer dans la compétition économique internationale. Le maintien d’une économie ouverte au monde, la valorisation de notre outil industriel, notre activité économique à l’étranger, sont bien des conditions de notre sécurité.
De même, séparer notre outil de défense proprement dit de son environnement technologique, économique et social, me paraîtrait une dangereuse illusion.
Dangereuse en premier lieu parce que l’efficacité de nos armes est liée aux performances de nos entreprises. Il n’y a pas de système de défense solide qui ne soit fondé sur de véritables capacités industrielles. La bataille pour l’innovation technologique, l’amélioration des performances de notre industrie, la formation des cadres, et tout particulièrement des jeunes, est indissociable de notre effort de défense.
Dangereuse en second lieu parce que notre défense est aussi la défense de nos valeurs fondatrices. L’indifférence, les injustices et les inégalités affaiblissent l’esprit de défense. La lutte contre le chômage, en faveur de l’insertion économique et sociale, constitue elle aussi un véritable combat qui engage notre survie en tant qu’État soucieux et capable de jouer un rôle en Europe et dans le monde.
De même que lorsque la menace est à nos portes, il faut savoir mobiliser toutes nos énergies pour la défense de notre territoire, il faut que nous soyons capables d’une égale mobilisation en faveur de notre économie. Cela implique que, sans polémique ni parti pris, nous procédions aux arbitrages nécessaires, en pleine clarté et avec la participation la plus large possible aux décisions.
Cette approche globale : une nécessité internationale
Cette nécessité d’une approche globale de la sécurité et de la défense est également manifeste au niveau international. Chacun en effet a conscience aujourd’hui qu’une politique de sécurité doit intégrer le désarmement.
Là aussi, les choses ont considérablement évolué. Les accords de Stockholm de 1986 sur les mesures de confiance, de Washington en 1987 sur les forces nucléaires intermédiaires, de Paris en 1990 sur les forces classiques, de Moscou il y a deux mois sur les armes stratégiques soviétiques et américaines, constituent autant de progrès et de données nouvelles ayant des implications de défense considérables.
Le désarmement constitue un volet important de notre politique de sécurité. On ne saurait donc pas, ici non plus, opposer les impératifs de la défense et les enjeux du désarmement. Les uns et les autres doivent constituer un tout cohérent. J’ai conscience que les situations sont encore imparfaites. Les accords de Paris sur les armes classiques ne constituent qu’une étape. Il reste encore beaucoup à faire pour que les négociations assurent des conditions de stabilité pleinement satisfaisantes. J’ajoute qu’il serait particulièrement préoccupant qu’aux risques pour la stabilité qui résultent de la situation en URSS viennent s’ajouter des incertitudes quant à la mise en œuvre des accords de désarmement et au progrès des négociations futures.
La rapidité des évolutions en Europe, et en URSS en particulier, implique précisément que l’effort de contrôle des armements soit poursuivi sans relâche. Je pense notamment aux discussions en cours à Vienne entre tous les pays de la CSCE. Dans l’immédiat, le but est de parvenir à des garanties concernant le niveau des effectifs des forces armées. Mais il s’agit aussi de préparer les discussions qui s’ouvriront après la rencontre d’Helsinki de la CSCE au printemps prochain. Il faudra aborder d’un point de vue global l’ensemble des questions liées à la sécurité européenne, à la prévention des crises ou des conflits, au désarmement.
Je forme le vœu que les Douze apportent la contribution décisive dans la conception, le déroulement et l’aboutissement de ces discussions qui, dans le passé, ont été parfois trop dépendantes du tête-à-tête entre les deux Grands.
Mais l’effort pour le contrôle des armements et le désarmement doit aussi être porté au plan mondial. L’Europe occidentale ne peut se contenter d’être une sorte d’îlot de stabilité alors que partout ailleurs l’emporterait la loi de la jungle. Vous connaissez les enjeux : ils ont été mis en avant dans le plan de désarmement et de contrôle des armements avancé récemment par la France.
Je voudrais plus particulièrement insister ici sur l’importance de l’engagement de l’ensemble de la communauté internationale en faveur d’une politique active et efficace de non-prolifération des armes de destruction massive et de contrôle des armements classiques. Il va de soi que tout État a le droit d’assurer sa défense et donc de produire ou de se procurer les moyens nécessaires à celle-ci. Il est tout aussi évident que tous les mécanismes possibles de concertation doivent être mis en œuvre pour éviter d’aggraver la situation dans les zones de tension et pour prévenir la dissémination des moyens de destruction massive.
Enfin, il me semble que les bouleversements que connaît le contexte politico-militaire européen ont également pour effet de poser dans des termes nouveaux la question de la relation entre la dimension nationale de la défense et ses aspects multilatéraux.
Une architecture nouvelle de sécurité est en train de s’esquisser sous nos yeux. Autour de l’aspect strictement national de la défense, sorte de noyau irréductible, se constitue un ensemble de systèmes de solidarité, dont la CEE et l’UEO, l’Alliance atlantique, la CSCE, sont les principales composantes, mais auxquelles on pourrait ajouter d’autres institutions qui apportent d’une façon ou d’une autre leur contribution à la stabilité et à la sécurité de l’Europe.
Il est vrai cependant qu’au niveau régional le dégel auquel nous assistons fait réapparaître des causes de tension et de conflits. Le douloureux cas yougoslave en constitue aujourd’hui l’exemple. Il ne s’agit pas d’un risque stratégique. L’enjeu est de savoir comment maintenir le dialogue, le respect des règles et donc la stabilité dans une Europe en mutation. À cette fin, chaque institution doit jouer son rôle. Je pense en particulier à la CEE et à la CSCE, qui me paraissent devoir être les deux pivots de l’équilibre européen futur, l’Alliance atlantique continuant par ailleurs à jouer son rôle dans sa sphère de compétence.
Le rôle majeur de la France
Parmi ces évolutions institutionnelles, je voudrais souligner pour finir l’importance de l’effort entrepris par la France pour concilier la dimension nationale de sa politique de défense et la vision de l’intégration européenne qu’elle préconise dans le cadre de la Conférence intergouvernementale en cours sur l’Union politique.
L’importance que la France attache à l’inscription dans le futur traité de la perspective d’une politique étrangère et de sécurité commune est connue. Elle ne vise pas à faire face à telle ou telle menace ni à précipiter des transferts de souveraineté dans un domaine où la part nationale irréductible émerge très vite. Il s’agit d’une façon d’affirmer la globalité de notre démarche vers l’Union européenne qui ne peut se fermer a priori à aucune option, même la plus ambitieuse, sans risquer d’affaiblir la crédibilité du processus actuel d’intégration.
Bien sûr, le débat n’est pas clos sur le sujet, ni au plan interne, ni avec nos partenaires. Il concerne aussi le rôle de l’UEO dont la France vient d’assurer une présidence marquée notamment d’initiatives franco-allemandes particulièrement importantes.
Les Douze devront s’entendre sur un projet d’union aussi complet que possible. Il y va de leur capacité d’action sur une Europe nouvelle, en voie rapide de recomposition. L’enjeu n’est autre que la stabilité, la paix et le progrès sur notre continent.
Tels sont les défis qui nous sont lancés et les ambitions du gouvernement français. J’apprécie de vous voir associés à cette réflexion majeure pour l’avenir de la France et de l’Europe. ♦