À travers les livres - Défendre ça ?
Voici trois livres de morale. Qu’ont à en faire les lecteurs de notre revue ? Beaucoup, me semble-t-il : les militaires sont moralistes de profession, sachant qu’on ne va pas à la guerre sans de nobles sentiments ; et tous ceux qui, plus généralement, s’intéressent à la défense en connaissent la pierre fondatrice, qui est la définition de ce qu’on a à défendre. Défendre quoi ? la question est fort indiscrète, nous obligeant à une introspection pénible. Le ça que nous sommes risque de nous porter au plus noir pessimisme. Prenons ce risque, préférant la lucidité inquiète à l’ignorance béate.
Au demeurant, l’éthique est à la mode. Le terme rebute moins nos contemporains que celui de morale ; c’est qu’il est moins précis, se prête à maints détournements ou extrapolations et devient la feuille de vigne de pratiques inavouables. Cet engouement nouveau, même ainsi détourné, même ainsi adouci, même ainsi refusé, est le signe d’une angoisse, et d’un appel : notre monde est en manque de vertu. De ce manque témoignent nos trois ouvrages. Tous trois tournent autour de l’autonomie de la personne et du libre arbitre qui fonde sa dignité.
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