L’auteur, ingénieur en chef de l’armement, a participé pendant dix années à la conception et à la réalisation des Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de nouvelle génération (SNLE-NG), avant d’être appelé en 1991 au cabinet du secrétaire d’État à la Mer comme conseiller technique pour les ports et la flotte de commerce ; il est actuellement sous-directeur pour les questions technologiques à la Délégation aux affaires stratégiques (DAS) du ministère de la Défense. Il s’exprime ici à titre personnel et nous propose un tour d’horizon des évolutions stratégiques navales aux États-Unis, en Russie et en France.
L'évolution des stratégies navales
« … Le bombardement de la terre, auparavant une des tâches les plus basses, est maintenant une des préoccupations prioritaires des grandes marines » (1).
La fin de la guerre froide a conduit les nations directement impliquées dans l’affrontement des deux blocs à réviser leur politique de défense et, en particulier, leur stratégie navale et les moyens correspondants. Avec leur pragmatisme habituel, les États-Unis et le Royaume-Uni ont déjà tiré — peut-être trop rapidement — les conséquences doctrinales et budgétaires du changement majeur géopolitique que nous venons de connaître. À une autre échelle, le Danemark ou les Pays-Bas ont réduit substantiellement leur budget de défense, choisissant une dépendance encore plus marquée à l’égard des États-Unis au sein de l’Alliance atlantique. Les Russes, quant à eux, règlent dans l’immédiat des problèmes de survie ou de réorganisation en laissant provisoirement de côté la maîtrise de la haute mer.
Il a paru intéressant de passer rapidement en revue les changements en cours dans trois pays : les États-Unis, par le passage du « Sea power » au « From the sea », la Russie en tentant d’élucider les déclarations et les écrits politico-militaires récents et la réalité de l’activité navale, enfin la France.
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