Mois après mois, le rôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se renforce, même si certains États — on vient encore de le voir — refusent de se soumettre à ses garanties.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la non-prolifération nucléaire
Absorbés par les péripéties du traité d’interdiction des essais nucléaires négocié à Genève, la plupart des observateurs internationaux passent sous silence deux autres négociations d’importance pour l’avenir du régime de non-prolifération nucléaire : le programme de renforcement des capacités de vérification de l’Agence qui a été rendu nécessaire par la découverte du programme nucléaire clandestin de l’Irak, et dont la négociation véritable a commencé à Vienne en juillet dernier ; la négociation d’une future convention d’arrêt de la production de matières fissiles pour des armes nucléaires qui figure au programme de la Conférence du désarmement à Genève.
Ces deux négociations vont parachever le rôle de « bras séculier » du régime de non-prolifération nucléaire dans lequel l’Agence internationale de l’énergie atomique s’est imposée très progressivement et très pragmatiquement depuis sa création.
Les origines pragmatiques de l’Agence internationale de l’énergie atomique
L’Agence internationale de l’énergie atomique est née de l’apparition de l’arme atomique (« l’arme absolue » comme le dit dès 1946 l’essayiste américain Samuel Brodie) et de la volonté des États-Unis d’en empêcher la dissémination. Le plan américain de contrôle international sur l’énergie atomique (plan Baruch, 1946) s’est heurté au refus des Soviétiques qui exigeaient préalablement la mise sous contrôle des stocks d’armes américaines. Alors que l’URSS et le Royaume-Uni sont devenus des puissances nucléaires officielles, le président Eisenhower revient à la charge le 8 décembre 1953 avec le discours « Atome pour la paix » (Atom for peace) qu’il prononce devant l’Assemblée générale des Nations unies. Il propose que les gouvernements commencent à faire des contributions à une Agence internationale de l’énergie atomique en puisant dans leurs stocks d’uranium et de matières fissiles. « Indubitablement, les premières contributions de départ à ce plan seraient en petites quantités. Cependant la proposition a le grand mérite de pouvoir être mise en œuvre sans les irritations et les suspicions mutuelles qui accompagneraient toute tentative d’établir un système complètement acceptable d’inspection et de contrôle dans le monde entier ». Réalisme oblige.
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