L'actualité économique - La crise algérienne et l'économie
Les incertitudes et les inquiétudes dont nous avions parlé dans de précédentes chroniques en ce qui concerne révolution de la conjoncture et la politique économique du gouvernement n’ont toujours pas été levées. Le problème demeure d’adapter l’économie française aux charges nouvelles qui pèsent sur elle par suite des difficultés de la situation politique et militaire en Algérie.
Il faut malheureusement reconnaître que l’attitude du gouvernement en ce domaine traduit une hésitation fâcheuse, peu favorable à une position correcte du problème, donc à sa solution. Le ministre des Finances et des Affaires économiques semble se cantonner à l’aspect purement financier des choses et pose en principe qu’aucune dépense publique nouvelle ne doit intervenir sans être couverte par des impôts, afin d’éviter l’inflation d’origine budgétaire. C’est une conception saine, mais sans nul doute un peu trop superficielle. Le vrai problème n’est pas financier ; il est économique : pourrons-nous supporter ces charges accrues ? Pourrons-nous produire des biens en quantité suffisante pour satisfaire à la fois les besoins de la consommation, ceux des investissements (dangereusement retardataires) et ceux de l’armée ? Il ne suffit pas, pour résoudre ce problème, d’égaliser deux colonnes de chiffres en comptabilité publique, en maintenant « l’impasse » de trésorerie dans des proportions supportables. Il convient, sur un plan plus large, de limiter la demande globale à la mesure de nos possibilités de production. Faute d’atteindre cet objectif essentiel, la stabilité monétaire ne pourrait être maintenue et la volonté de bloquer les prix resterait un vœu pieux, les réglementations administratives étant impuissantes à lutter contre des tendances économiques fondamentales.
La situation est incontestablement aggravée par la restriction actuelle des possibilités de production de l’économie française. Nous avons déjà à maintes reprises insisté sur le développement insuffisant de notre capacité productive au cours des dernières années. Quant au rappel des disponibles, il vient encore réduire les ressources en hommes sur un marché de la main-d’œuvre déjà affecté par l’arrivée à l’âge actif des générations « creuses » nées en 1940-41.
Il reste 86 % de l'article à lire