Politique et diplomatie - La portée des « SALT »
Les faits qui ont marqué l’évolution récente des relations internationales, les retours en arrière dont ils sont l’occasion, les perspectives qu’ils paraissent ouvrir donnent lieu à des interprétations diverses, parfois contradictoires, sur lesquelles j’aimerais exprimer une opinion.
Les plus actuels des événements internationaux qui ont défrayé la chronique sont les accords signés en mai dernier à Moscou entre les États-Unis et l’Union Soviétique pour limiter la course aux armements stratégiques. J’ai brièvement analysé le contenu de ces accords dans mon précédent article. C’est sur leur signification politique, au sens le plus large du terme, qu’il me paraît utile de revenir. En effet, selon certains — Pierre Gallois étant le tenant le plus brillant de cette thèse (1) — les nouveaux accords de Moscou constituent de la part des États-Unis une espèce de capitulation devant l’Union Soviétique. Il s’agirait d’un nouveau Munich. Les États-Unis auraient en effet, non seulement concédé par traité à l’Union Soviétique des règles de coexistence et une limitation, à un niveau « équilibré », des armes stratégiques défensives et offensives, mais ils auraient accepté de reconnaître à l’Union Soviétique une supériorité quantitative du nombre de ses fusées basées au sol et de ses sous-marins équipés d’armes nucléaires. Cette exégèse des accords qui ont clos les SALT tient compte, évidemment, non seulement de leur contenu mais du contexte dans lequel ils se situent. Or, selon les tenants de cette thèse, les États-Unis sont entrés depuis le milieu des années soixante dans une phase de déclin, marquée, entre autres, par l’échec avoué de l’intervention américaine au Vietnam, par les avances faites à Pékin, par les difficultés du dollar, par la pression du Congrès pour que soient réduites les dépenses militaires et diminués les effectifs stationnés en Europe, etc.
C’est dans cette perspective de « low-profile », c’est-à-dire « d’ambitions réduites », éventuellement de repli, qu’il faudrait interpréter la politique américaine de rapprochement avec l’Union Soviétique et les accords qui ont conclu la première phase des SALT. Il me semble que si cette analyse de l’évolution de la politique américaine est sur bien des points exacte, la conclusion qu’on en tirerait : que les accords de mai 1972 constituent une capitulation de l’Amérique, ne l’est point.
Il reste 81 % de l'article à lire