Aux niveaux tactique et opératif, l'évolution des technologies de l'information influe directement sur les systèmes de commandement et indirectement sur le style de ce dernier. Le but est de tirer le meilleur de ces nouvelles techniques, tout en les maîtrisant pour qu'elles se subordonnent au style de commandement souhaité. Dans un environnement de plus en plus fluide et inattendu, il s'agit en particulier de veiller à préserver le principe de subsidiarité et la liberté d'action des échelons d'exécution, seuls à même de permettre, au rythme voulu, l'adaptation aux circonstances.
Commandement tactique
L’amélioration permanente des technologies de l’information, les perspectives de la guerre « réseau-centrée », influent sur les modalités du commandement opérationnel. En aval, l’interrogation sur le style de commandement permettant de tirer le meilleur parti des systèmes nouveaux et donc d’accroître l’efficacité tactique est plus que légitime : elle est souhaitable.
Le risque majeur serait de chercher à exploiter les nouvelles capacités en oubliant la vérité de la guerre et sa nature profonde qu’aucune technique, aussi performante soit-elle, ne saurait faire disparaître. Le risque, même si l’on s’en défend, est de se persuader, pas à pas, que le chef de plus haut niveau peut finalement tout savoir et comprendre, et donc diriger la manœuvre jusqu’au plus bas échelon, transformant ainsi les subordonnés en exécutants techniques d’une action dont ils deviendraient les acteurs seulement passifs. Or, cette dérive est contraire aux enseignements de l’histoire et de l’expérience.
L’action tactique — le cœur même du métier militaire — est plongée dans des circonstances toujours variables, fluides, inattendues, auxquelles elle doit s’adapter. S’il faut rechercher la réduction de l’incertitude et de l’imprévisibilité, il convient encore plus d’admettre leur caractère irréductible et de développer les méthodes permettant la meilleure maîtrise de cet environnement. Le style de commandement est l’une des voies essentielles de cette aptitude ; à l’heure où la performance des moyens d’information menace le principe de subsidiarité, celui-ci doit s’affirmer, sans faiblesse, pour préserver l’espace d’autonomie du subordonné.
Il reste 93 % de l'article à lire