Jean Moulin
« Carnot de la Résistance », Jean Moulin a déployé pendant l’Occupation une activité éminente que nul n’ignore actuellement. L’histoire a rendu son verdict : Jean Moulin fut un des héros les plus purs de cette époque, et grâce à lui, comme le dit André Malraux dans la préface de cet ouvrage, la fraternité patriotique s’est transformée en combat. Du désordre, il a fait naître l’ordre, non sans peine, au prix d’immenses dangers qui l’ont finalement conduit au sacrifice suprême.
Le livre de sa sœur est plein de tendresse, de fierté, de chagrin, mais aussi d’objectivité minutieuse. L’auteur a voulu restituer chaque moment de la vie de son frère, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, en faisant la juste part de ce qui n’aurait été, si les circonstances ne l’avaient pas profondément bouleversée, qu’une belle carrière préfectorale. Ainsi le héros de légende est-il replacé dans une optique humaine ; sous le héros, apparaît l’homme. Laure Moulin était sans doute mieux placée que quiconque pour tracer ainsi la véritable image de son frère, qui fut un homme seul malgré le rayonnement qu’il exerçait sur tous ceux qu’il rencontrait et les amitiés politiques qui l’entouraient. Un homme seul, mais fidèle à sa famille, comme il fut ensuite, au moment du grand combat, fidèle à sa patrie.
Dans cet ouvrage, il nous semble qu’il faut davantage chercher cette leçon qu’une histoire de la Résistance et qu’une étude sur l’œuvre de Jean Moulin. Les événements racontés, si tragiques et parfois si grands qu’ils soient, ne sont que le cadre d’une biographie émue et par suite émouvante. ♦