Économique - L'économie de guerre allemande en octobre
Rationnement
Dans les grandes lignes, le rationnement des denrées alimentaires et des produits industriels est resté inchangé. Notons, tout au plus, un élargissement de la ration de beurre accordée aux consommateurs allemands.
En sens contraire, l’introduction de produits textiles et de savon a subi quelques limitations nouvelles.
Pour les ouvriers effectuant des travaux pénibles et épuisants, des rations supplémentaires sont accordées par une ordonnance. Elles sont ainsi fixées du 12 octobre jusqu’au 29 novembre 1939 (par semaine) :
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1 Consommation normale |
2 Ouvrier à travail pénible |
3 Ouvrier à travail très pénible |
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grammes |
g |
g |
Viande |
500 » |
1 000 » |
1 200 » |
Pain |
2 240 » |
3 800 » |
4 800 » |
Graisse |
268,75 » |
393,75 » |
740 » |
C’est l’entrepreneur qui établit la liste des ouvriers des catégories 2 et 3, elle est contrôlée par l’Inspection du travail. Les ouvriers en contact avec des poisons – plomb ou mercure –reçoivent des quantités supplémentaires de lait.
Approvisionnement à l’étranger
En matières premières
D’après les statistiques provisoires qui nous sont parvenues, les fournitures de pétrole n’ont pas encore atteint leur niveau d’avant-guerre. Les importations en septembre et en octobre ont atteint environ 250 000 tonnes, dont 75 000 t fournies par la voie du Danube, 7 500 t d’Italie, 60 000 t expédiées par les pays scandinaves, 24 000 t en provenance de Belgique et des Pays-Bas.
En ce qui concerne le minerai de fer, les exportations de Suède ont diminué, étant donné que les transports le long de la côte norvégienne ont été rendus particulièrement difficiles. En revanche, l’Allemagne a intensifié l’extraction de ses mines propres. Une première série de hauts fourneaux des Hermann Gœring Werke, a été mise en marche.
Il est donc probable que pour compenser les arrivages de fer étranger, l’Allemagne utilisera au maximum le vieux fer que lui apporte la Pologne : enlèvement de grillages autour des maisons, jardins, refonte des vieux matériels de guerre, emploi de la ferraille des usines, des maisons détruites.
En denrées alimentaires
L’Allemagne semble disposer de stocks de céréales panifiables pour dix-huit mois. L’enlèvement des récoltes en Pologne présente de très sérieuses difficultés : la récolte sur pied a été en grande partie détruite lors de l’avance des troupes, un tiers au moins du froment se trouve en territoire occupé par la Russie.
C’est toujours l’importation des corps gras qui s’avère difficile.
Si le Danemark a plutôt renforcé ses expéditions de beurre, de lard, etc., en Allemagne, la Yougoslavie a prétexté de sa récolte insuffisante pour supprimer ses envois de maïs en Allemagne. Par contre, celle-ci vient d’obtenir un contingent de 20 000 t de tourteaux à l’occasion de la conclusion du récent accord commercial germano-yougoslave.
La Russie vient de promettre à l’Allemagne la fourniture d’un million de tonnes de céréales fourragères, car si l’Allemagne dispose de céréales panifiables en quantités suffisantes, elle manque de fourrages pour l’élevage du cheptel porcin. Le problème du transport se pose pour la fourniture des céréales russes, étant donné l’insuffisance des communications ferroviaires ; il semble que Russes et Allemands songent à débarquer les marchandises russes dans les ports de Bulgarie pour les faire transiter par ce pays, soit via Zagreb, soit via Trieste.
Transports
Le Reich est en proie à d’autres difficultés.
Le parc de matériel ferroviaire a été éprouvé. Le Reich devra construire au moins 100 000 fourgons et quelques milliers de wagons-citernes pour pouvoir s’assurer des importations normales et de Pologne, et des Balkans, et des pays de l’Europe septentrionale.
En vue de la réorganisation des chemins de fer, une émission vient d’être décidée. Elle porte sur 500 millions de marks 4,5 % remboursables entre 1945 et 1949.
200 millions ont été placés, 300 millions seront émis sur le marché public.
Monnaie et finances publiques
Le Reich vient de suspendre l’émission des bons d’impôt.
Ceux-ci ont été mis en circulation à partir du mois de mai 1939, en vue d’escompter le produit des impôts de l’exercice 1940. L’émission a porté à la date du 31 octobre sur 2,8 milliards de bons A (remboursables en partie en 1940) et sur 1,2 Md de bons B (remboursables à partir de 1942).
En ce qui concerne les bons A, leur détention prolongée au-delà de 1940 confère de sérieux avantages au point de vue fiscal (amortissement). À partir du 1er novembre 1939, l’émission de ces bons est suspendue. Mais les bons émis, soit environ 4 Md, sont assimilés à la monnaie, et ont force libératoire entre commerçants et industriels.
On peut donc dire pratiquement que ces 4 Md s’ajoutent à la circulation fiduciaire de 11 Md.
Par ailleurs, le ministre des Finances a repris l’ensemble des expédients financiers déjà utilisés par ses prédécesseurs : traites du travail, bons de livraison, crédit à moyen terme pour l’industrie. Il y a ajouté des traites d’engagement de la Défense nationale pour toutes les entreprises passant de la production de paix à la production de guerre. ♦