Crise du service militaire (II) Vers le service national
Nous écrivions précédemment que le service militaire actuel n’épuise plus les tâches de défense, assignées aune collectivité nationale. Cela seul suffirait à rendre compte de la crise par laquelle il passe. Le mal dont il souffre n’est donc qu’en partie susceptible d’être traité pour lui-même, et les remèdes que nous avons préconisés ne constituent, si indispensables qu’ils soient, que des mesures conservatoires. Dès que les circonstances le permettront — et certains penseront à juste titre qu’il est toujours possible aux hommes de hâter leur maturation — les décisions politiques relatives au système de défense et leur corollaire, la refonte institutionnelle de l’obligation militaire, devraient prendre la relève des médications spontanées.
Un des paradoxes du service militaire actuel et qui aide le mieux à prendre une vue générale de la révolution à opérer est qu’il n’est universel, ni à l’égard des personnes, ni à l’égard de la défense : on va répétant que la défense, dans le monde contemporain, est totale, que la guerre n’épargne rien ni personne, et que sa préparation, puis sa conduite, mobilisent toutes les forces vives de la Nation. Or, les femmes sont évidemment hors d’atteinte du service militaire, les exemptés ne doivent aucune compensation, la défense intérieure est exsangue, la mobilisation économique n’est régie que par le biais de l’affectation spéciale, et la protection civile ne fait appel qu’au volontariat ou à la réquisition.
Un second paradoxe procède de la constatation que le service militaire n’est pas uniforme là où il devrait l’être et qu’il l’est beaucoup trop là où il devrait être différencié.
Il reste 95 % de l'article à lire