Les indomptables
Babel germanique
La collection consacrée par la Librairie Berger-Levrault à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale s’est enrichie de deux ouvrages aussi pittoresques que documentés.
Les Indomptables sont l’œuvre d’une véritable écrivain. C’est avec un esprit et un humour incomparables qu’il évoque la vie de cette sélection d’officiers qui fut enfermée avec lui au Château de Colditz, en Saxe. Cette réunion d’officiers de toutes les Nations amies avait pour caractéristique d’être atteinte du virus de l’évasion et c’est merveille que d’ouïr, de la bouche d’un spécialiste aussi qualifié, les mille et un tours, tous plus pendables les uns que les autres, joués par ces internés de choix à leurs geôliers.
Il y a là toute une technique de l’évasion qui nous est révélée avec un luxe de détails inimaginable et aussi avec un entrain impayable. Dans cette joute, il est réconfortant de constater que, de l’aveu même de leurs codétenus, les officiers français l’emportaient sur leurs camarades par l’ingéniosité et le désintéressement, l’audace et l’héroïsme. Une impression magnifique se dégage du spectacle de cette fraternité dans la misère, et du courage, bien commun de tous ces héros, qu’ils fussent Britanniques, Polonais ou Français.
Avec le Babel germanique, nous voyons évoquer la vie quotidienne d’un ouvrier déporté de force en Allemagne. Très simplement, avec une malice et un souci du détail, fût-il scabreux, qui ne le quittent jamais, ce jeune Français nous montre l’envers du décor germanique au cours de la guerre, tel qu’il apparut à ce Lorrain particulièrement ingénieux et bien armé pour se défendre contre la brutalité germanique. Il y a de tout dans ce livre : du courage, de la bonne humeur et du « débrouillage ».
Dans cette véritable Babel qu’était devenue l’Allemagne et où tous, Slaves et Latins, Nordiques ou Méridionaux, voisinaient dans le malheur, le Français, une fois de plus, se distinguait par son individualisme farouche et son incomparable fécondité en astuces, propres à dérouter l’impeccable méthode pratiquée par les Germains jusque dans leurs chiourmes.
Ces deux livres se complètent donc admirablement et l’un et l’autre se lisent comme de véritables romans d’aventures qui furent, hélas, trop souvent cruelles.