Décembre 2022 - n° 855

Souveraineté et résilience numérique

« Celui qui excelle à résoudre les difficultés les résout avant qu’elles ne surgissent… »

Sun Tzu
136 pages

Dans la chaleur caniculaire de cet été, le Centre hospitalier de Corbeil-Essonnes est victime d’une cyberattaque, paralysant à la fois son fonctionnement, le traitement des malades suivis, mais aussi voyant la fuite des données personnelles des patients. Une rançon de 10 millions de dollars est demandée. Il fallut des semaines pour rétablir les systèmes, obligeant même à des transferts de personnes hospitalisées. En novembre, le groupe Thales est attaqué par LockBit 3.0, un groupe de hackers russes, cherchant à déstabiliser l’industriel spécialiste de défense et de télécommunications, par des méthodes d’extorsion et de rançongiciel. Mi-novembre, Elon Musk, le nouveau et fantasque propriétaire du réseau social Twitter, rétablit le compte de Donald Trump ; l’ancien Président des États-Unis est à nouveau candidat pour 2024, alors même qu’il en avait été banni en janvier 2021 suite aux événements du Capitole. Réouverture du compte au nom de la liberté d’expression. Lire la suite

  p. 1-1

Souveraineté et résilience numérique

Le volet numérique de la souveraineté est en pleine mutation tant les évolutions sont rapides et profondes. De fait, l’approche classique de la souveraineté est aujourd’hui fragilisée, obligeant à de nouvelles approches associant le citoyen, l’État, le privé et l’Europe pour construire une vraie résilience numérique. Lire les premières lignes

  p. 7-13

La gestion et le stockage des données s’appuient désormais sur l’utilisation de Cloud. Or, ceux-ci sont souvent mis en œuvre par des entreprises essentiellement américaines. D’où la nécessité de développer des solutions nationales, voire européennes, permettant de garantir souveraineté et résilience. Lire les premières lignes

  p. 14-21

La cybersécurité a progressé au niveau des États-membres de l’Union européenne (UE) avec des compétences et des capacités accrues des agences nationales. Une coopération européenne s’accroît avec la mise en place de mécanismes et d’échanges tout en respectant les valeurs fondamentales du droit international. Lire les premières lignes

  p. 22-28

La résilience numérique est une exigence croissante pour préserver notre souveraineté, en particulier dans le champ numérique. Cela impose de limiter ou de contrôler nos dépendances numériques, sachant qu’une totale autonomie est impossible. Ce qui oblige à du bon sens et à anticiper dans un domaine en mutation. Lire les premières lignes

  p. 29-36

Les actions d’influence numérique peuvent mettre à mal la souveraineté et la résilience des États comme le nôtre. Les menaces sur la couche sémantique du cyber sont une réalité et fragilisent le fonctionnement de nos sociétés. D’où le besoin de développer des stratégies pour contrer un danger désormais systémique. Lire les premières lignes

  p. 37-43

Les systèmes numériques financiers irriguent la vie économique et conditionnent le fonctionnement de la société. D’où les exigences de renforcement de la cyberdéfense de ces ensembles indispensables, régulièrement attaqués par des acteurs peu scrupuleux. D’où la nécessité d’une réponse commune des pays européens. Lire les premières lignes

  p. 44-51

Nos collectivités territoriales sont désormais des cibles recherchées par la cybercriminalité. Les attaques mettent à mal leur fonctionnement. Il est urgent d’accroître la cybersécurité des organismes et institutions. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) s’est fortement investie pour faire progresser et renforcer la souveraineté de ces entités. Lire les premières lignes

  p. 52-58

La cryptographie est une science ancienne d’abord au service des États pour garantir le secret des échanges. Avec le numérique, crypter est devenu un enjeu majeur de souveraineté. La France dispose de très solides compétences, mais qu’il convient de renforcer dans un environnement cyber en mutation permanente. Lire les premières lignes

  p. 59-66

Les terres rares et les métaux critiques sont devenus des enjeux de souveraineté avec une forte dépendance de l’Europe, celle-ci ayant mis du temps à en comprendre les enjeux sur fond d’une guerre économique où la Chine a pris l’avantage. Il est nécessaire de réagir en y incluant la filière du recyclage. Lire les premières lignes

  p. 67-73

L’indispensable renforcement de notre souveraineté numérique passe par la fidélisation des compétences. Les ressources humaines sont dès lors un enjeu décisif et obligent à revoir les méthodes de gestion pour attirer et garder du personnel qualifié et motivé afin d’accroître notre résilience dans le cyberespace. Lire les premières lignes

  p. 74-80

Construire une souveraineté numérique passe par une politique de ressources humaines répondant à des besoins en mutation permanente. Une des caractéristiques est la relation spéciale ente l’individu et les métiers cyber, avec souvent une dimension d’intérêt et de passion qu’il faut préserver. Lire les premières lignes

  p. 81-88

Il y a 50 ans

RDN n° 317, décembre 1972En 1972, l’URSS semblait toujours sur une dynamique porteuse, en concurrence avec le bloc occidental mené par les États-Unis. Les progrès économiques pouvaient laisser croire que la société de l’URSS allait évoluer vers plus de liberté et de bien-être pour la population. C’est aussi l’époque où les partis communistes européens, fidèles relais du « grand frère » soviétique, portaient la bonne parole de Moscou. On pariait alors sur la troisième génération après la révolution bolchevique. Après Brejnev, Gromyko et Podgorny… Lire les premières lignes

  p. 0-0

Repères

Le développement de l’intelligence artificielle (IA) passe par le degré de confiance accordé à des systèmes utilisant l’IA pour leur fonctionnement. Cela exige d’accroître les facteurs de cette confiance : efficacité, sécurité, responsabilité, l’objectif étant de développer des IA d’emploi dans le champ militaire. Lire les premières lignes

  p. 91-99

Opinions

Définir une stratégie pour notre défense ne doit pas s’improviser pour réagir à une situation fluctuante en un temps donné. Au contraire, il faudrait reprendre nos efforts conceptuels pour ne pas reproduire des schémas tout faits, mais manquant de réelle réflexion sur le futur de nos choix géopolitiques. Lire la suite

  p. 100-102

Approches régionales

L’Amérique latine semble être la « grande oubliée » de l’environnement géopolitique mondial. Malgré ses pesanteurs et ses contractions, le continent sud-américain est à la croisée des chemins et doit voir ses États-membres engager des réformes structurelles et économiques. Lire les premières lignes

  p. 103-110

Approches historiques

À l’issue des guerres, la question navale a été traitée de manière inégale, reflétant le rôle de la marine dans la politique de défense. En 1945, les ambitions maritimes de la France étaient bien faibles et la reconstruction de la Marine fut très longue. Aujourd’hui, d’autres puissances affichent leurs ambitions. Lire les premières lignes

  p. 111-118

Chronique

Depuis le XVIIIe siècle, rares ont été les périodes où la Marine et l’Armée se retrouvent à des points d’équilibre. Trop souvent, les efforts ont été mal répartis tant dans les équipements, l’organisation et les doctrines, avec à chaque fois des conséquences graves comme en 1870 et 1940. Lire les premières lignes

  p. 119-122

Recensions

Général Dominique Delort : 2030 – La guerre de retour !  ; (préface de l’amiral Hébrard) ; Éditions Le Sémaphore, 2022 ; 308 pages - Claude Franc

Le général Dominique Delort doit être bien connu de moult lecteurs de la Revue, tant par les affectations qui furent les siennes en activité, figure de la « basane colo », commandant de bataillon à Saint-Cyr, conseiller Afrique du CEMA, chef du COIA, COMSUP aux Antilles-Guyane pour achever commandant de région, avant de présider de longues années durant les destinées de la Saint-Cyrienne. Il vient de publier un ouvrage très original, une fiction politico-militaire, qui projette le lecteur en 2030, dans un monde bien différent du monde actuel, en butte à plusieurs crises graves simultanées, au Sahel, dans le Pacifique au large de la Nouvelle-Calédonie et en mer Égée, crises gérées par une Europe qui vient d’accéder à l’unité politique fédérale. Lire la suite

  p. 123-126

Éric Fottorino (dir.) : Ukraine, 1re guerre mondialisée  ; Les 1ndispensables, 2022 ; 94 pages - Jérôme Pellistrandi

12 experts, chercheurs, militaires, diplomates, intellectuels, écrivains français et étrangers proposent dans ce cahier leurs analyses croisées sur l’« opération spéciale militaire » déclenchée le 24 février dernier par Vladimir Poutine contre l’Ukraine. Opération qui s’est révélée être rapidement un véritable fiasco militaire et qui s’est transformée désormais en une guerre longue d’attrition et d’usure, visant également les populations civiles ukrainiennes, cibles régulières des bombardements russes. Lire la suite

  p. 126-127

Jean-Clément Martin : La Révolution n’est pas terminée – Interventions 1981-2021  ; Passés Composés, 2022 ; 208 pages - Serge Gadal

« Nous sommes toujours agités par le spectre de la Révolution ». Professeur émérite de l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, ancien directeur de l’Institut d’histoire de la Révolution française, Jean-Clément Martin est certainement l’un des meilleurs spécialistes de cette période. Son ambition dans ce petit livre qui reprend un certain nombre d’articles publiés par l’auteur depuis trente ans, est de « remettre en cause les idées toutes faites et les légendes pour aider à la maîtrise du passé et… à la fabrication du présent ». Pour l’auteur, l’histoire de la Révolution reste en effet beaucoup plus clivante que les autres grands moments de notre histoire récente (à l’exception de la période de l’Occupation, pourrions-nous ajouter). Si la Révolution n’est plus automatiquement vue comme un « régime totalitaire », Robespierre demeure l’épouvantail, ou le héros, qui donne le sens avec la « Terreur » en arrière-plan et le génocide vendéen comme repoussoir. Lire la suite

  p. 127-129

Noê-Noël Uchida : Attendez ici – Terminé  ; Éditions Pierre de Taillac, 2022 ; 128 pages - Margaux Latarche-Bertrand

« Je suis un soldat et j’écris sur l’absurdité de la guerre. Mais je suis un officier et j’écris sur la beauté du soldat. » Ces deux phrases employées par l’auteur, le colonel Noê-Noël Uchida, résument à elles seules la densité de ce court récit. À travers cet ouvrage inspiré d’événements réels et composé comme un journal de bord, on parcourt six années (de 1968 à 1974) de la vie d’un groupe de soldats japonais. Laissés sur l’île de Ko Samui dans le golfe de Thaïlande, depuis l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, ces hommes continuent d’œuvrer au même but : mobiliser du renseignement et affaiblir l’ennemi (en l’occurrence américain), afin de concourir à la victoire de l’Empire du Japon. Plus de vingt années séparent la formulation de cet objectif à la continuité de son application, mais les soldats, qui ignorent la fin de la guerre (car ils ignorent également les annonces allant dans ce sens, les considérant comme de la propagande), participent toujours hardiment à sa concrétisation. Ainsi pensent-ils mettre en œuvre une tactique efficace, servant une stratégie audacieuse ; il s’agit en réalité d’une tactique précise pour une stratégie depuis longtemps obsolète. Lire la suite

  p. 130-131

Général Guy François : L’Artillerie lourde sur voie ferrée française des origines à 1945  ; (préface de François Vauvillier) ; Histoire & Collections, 2022 ; 180 pages - Philippe Wodka-Gallien

La couverture de ce beau livre donne le ton en proposant de frapper fort avec l’obusier de 400 mm, modèle 1915, de Saint-Chamond. Cet ouvrage met donc en lumière un aspect peu connu de l’histoire militaire, tant il faut admettre que l’imagerie de l’artillerie française a plutôt retenu le 75 mm repoussant l’ennemi sur la Marne ou à Verdun. Forcément, avec la Première Guerre mondiale, on pense d’abord au Poilu en bleu horizon dans sa tranchée, fusil Lebel en mains, baïonnette au canon. Lire la suite

  p. 131-131

Alfred Gilder : J’aime la France  ; Éditions Glyphe, 2022 ; 200 pages - Lisa Mille

L’influence d’une nation se reflète dans l’excellence reconnue par les autres pays, et la France connaît un rayonnement international dans de nombreux domaines et ce, depuis la fin du XVIIe siècle. Le patrimoine français contribue ainsi à la renommée mondiale du pays : la nourriture avec sa gastronomie à la française, la mode, le luxe, la littérature, l’art ou encore le cinéma illustrent la diversité et la richesse de notre pays. Lire la suite

  p. 132-132

Revue Défense Nationale - Décembre 2022 - n° 855

Souveraineté et résilience numérique

Digital Sovereignty and Resilience

Great changes are afoot wherever the digital world has an impact upon sovereignty. The rapidity and depth of current developments mean the conventional approach to sovereignty has been greatly weakened, and today we need to seek new approaches which bring together citizens, state and private investment as well as the structures of Europe in order to build true digital resilience.

Data storage and handling now depends heavily on the use of clouds, and yet these clouds are most often operated by essentially American companies. Because of this, we need to develop national, or perhaps European solutions that will enable us to guarantee our own sovereignty and resilience.

Cybersecurity has developed at the level of member states of the EU, and national agencies have improved their competence and capabilities. European cooperation is also improving, with the establishment of mechanisms and means of communication which respect the fundamental values of international law.

Digital resilience is an ever-growing requirement for maintaining our sovereignty in digital matters. Achieving this implies limiting our digital dependence whilst accepting that total autonomy will be impossible. Common sense and anticipation are needed in this developing field.

Activity which involves digital influencing risks harming the sovereignty and resilience of countries like ours. Threats already being posed via the visible face of the cyber world are adversely affecting how our societies function. There is a need to develop strategies to counter this systemic danger.

Digital financial systems oil the wheels of the economy and shape how our society functions. There is therefore a need to strengthen the cyber defence of these essential structures, which are regularly attacked by unscrupulous elements. A need also for a common response by European nations.

Our local authorities have become favoured targets for cyber-criminal, whose attacks do great damage to their functioning. There is an urgent need to improve the cyber security of these organisations and institutions. The National agency for the security of information systems (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information—ANSSI) is committed to develop and strengthen the sovereignty of these entities.

Cryptography is an age-old science, principally serving nations to guarantee the secrecy of their communications. In the digital world, encryption has become a major stake in sovereignty. France has very sound competence in the field, yet it needs to be boosted to cope with a continually-changing cyber landscape.

Rare earth and critical metals now represent a significant challenge to our sovereignty. Europe depends on them heavily yet has been slow to realise the stakes involved against a background of economic warfare in which China has grabbed the advantage. We need to react, and our reaction should include recycling of these materials.

The much-needed strengthening of our digital sovereignty implies developing loyalty of competences. Human resources therefore represent a major stake in the process and there is a need to review management methods in order to attract and retain qualified and motivated personnel if we are to increase our resilience in cyber space.

The creation of digital sovereignty requires a human resources policy able to respond to continual changes in needs. One of its characteristics concerns the relationship between the individual and the different aspects of IT: the element of interest, and passion for the work must be preserved.

Viewpoints

The development of artificial intelligence (AI) depends on the degree of confidence held in systems which use AI in order to function. Effectiveness, security and responsibility are all factors of that confidence, and all need to be improved—the goal being to develop usable AI for military purposes.

Opinions

Defining a strategy for our defence cannot be improvised in some given period of time in reaction to a changing situation. Quite the contrary: we need to look again at our concepts and expend effort so as not to reproduce fixed plans which lack any real consideration of the future of our geopolitical choices. Read more

Regional Approaches

Latin America is a largely forgotten area in the global geopolitical environment. Despite its sluggishness and tensions, the South American continent is at a crossroads and needs its member states to commit to structural and economic reforms.

Historical Approaches

As wars have ended, the trend has been to deal with naval matters inequitably—a reflection of how the Navy is seen to fit into defence policy. In 1945, French maritime ambitions were at a low ebb and rebuilding the Navy took a long time. Today, other powers are making their own ambitions known.

Chronicle

Since the 18th Century, the periods in which the Navy and the Army have found a reasonable balance have been rare. In equipment, organisation and doctrine, the necessary effort has too often been badly directed, on each occasion leading to serious consequences—as in 1870 and 1940.

Book Reviews

Général Dominique Delort : 2030 – La guerre de retour !  ; (préface de l’amiral Hébrard) ; Éditions Le Sémaphore, 2022 ; 308 pages - Claude Franc

Éric Fottorino (dir.) : Ukraine, 1re guerre mondialisée  ; Les 1ndispensables, 2022 ; 94 pages - Jérôme Pellistrandi

Jean-Clément Martin : La Révolution n’est pas terminée – Interventions 1981-2021  ; Passés Composés, 2022 ; 208 pages - Serge Gadal

Noê-Noël Uchida : Attendez ici – Terminé  ; Éditions Pierre de Taillac, 2022 ; 128 pages - Margaux Latarche-Bertrand

Général Guy François : L’Artillerie lourde sur voie ferrée française des origines à 1945  ; (préface de François Vauvillier) ; Histoire & Collections, 2022 ; 180 pages - Philippe Wodka-Gallien

Alfred Gilder : J’aime la France  ; Éditions Glyphe, 2022 ; 200 pages - Lisa Mille

Revue Défense Nationale - Décembre 2022 - n° 855

Souveraineté et résilience numérique

Dans la chaleur caniculaire de cet été, le Centre hospitalier de Corbeil-Essonnes est victime d’une cyberattaque, paralysant à la fois son fonctionnement, le traitement des malades suivis, mais aussi voyant la fuite des données personnelles des patients. Une rançon de 10 millions de dollars est demandée. Il fallut des semaines pour rétablir les systèmes, obligeant même à des transferts de personnes hospitalisées. En novembre, le groupe Thales est attaqué par LockBit 3.0, un groupe de hackers russes, cherchant à déstabiliser l’industriel spécialiste de défense et de télécommunications, par des méthodes d’extorsion et de rançongiciel. Mi-novembre, Elon Musk, le nouveau et fantasque propriétaire du réseau social Twitter, rétablit le compte de Donald Trump ; l’ancien Président des États-Unis est à nouveau candidat pour 2024, alors même qu’il en avait été banni en janvier 2021 suite aux événements du Capitole. Réouverture du compte au nom de la liberté d’expression.

Trois exemples d’une réalité trop méconnue du monde numérique qui nous entoure et auquel il est désormais quasi impossible d’échapper à moins de vivre en ermite retiré du monde. Et si le cyber révolutionne la connaissance via Internet et apporte des progrès incommensurables, hélas, il est aussi un espace où la concurrence, la compétition, la confrontation, voire la guerre hybride sont des réalités aujourd’hui inévitables.

D’où ce dossier sur la souveraineté et la résilience numérique, devenues des enjeux prioritaires pour les États, dont le nôtre. Il y va de notre capacité à fonctionner et à affronter les crises qui se succèdent depuis la pandémie ayant démontré la fragilité d’une mondialisation mal contrôlée et, avec la guerre en Ukraine, déstabilisant non seulement l’Est du continent européen, mais dont les effets affectent la quasi-totalité des pays de la planète.

Par des approches croisées, il apparaît clairement que si des progrès ont été faits en France pour améliorer notre résilience face à la violence du cyberespace, il existe de fortes marges de progrès, alors même que les technologies se développent à des vitesses exponentielles. On peut souligner, ici, l’importance des ressources humaines pour faire face à cette explosion du virtuel, avec des difficultés quant à conserver et fidéliser les talents, en particulier dans les différentes fonctions publiques dont la défense. À cela se conjuguent la complexité de l’accélération des technologies avec les risques d’obsolescence rapide et la capacité à réfléchir sur le long terme pour définir les politiques les plus efficaces. L’effort de prospective n’est pas aisé, mais il est plus que jamais indispensable.

Le paradoxe de ce dossier est qu’il porte sur des espaces dématérialisés où les algorithmes font la loi, alors même que la guerre en Ukraine est des plus violentes avec ses cortèges de victimes et de ruines, et où les lois des conflits armés sont trop souvent violées. Mais de fait, il y a hélas une continuité totale de la guerre, avec une hybridité polymorphe en mutation permanente. Le cyberespace est aussi un champ de bataille. ♦

Jérôme Pellistrandi

Revue Défense Nationale - Décembre 2022 - n° 855

Souveraineté et résilience numérique

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