Auteur : Maëlle Bongrand

Étudiante en master de géographie à Sorbonne-Université et membre du comité de rédaction de Nemrod-ECDS.

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Cahier - 06-07-2022 - La crise des alliances - p. 26-32

« S'imposer sans combattre » : origines, ambitions et limites de la stratégie partenariale chinoise - Maëlle Bongrand, Simon Roche

En 2012, le politologue américain Graham T. Allison forgeait l’expression de « piège de Thucydide » pour décrire et anticiper l’évolution probable des relations géopolitiques entre la République populaire de Chine (RPC) et les États-Unis (1). Emprunté à l’historien antique éponyme, le « piège » décrit une situation historico-stratégique au sein de laquelle une puissance établie et hantée par la perspective de son déclin voit émerger la menace d’un rival potentiel (2). Une situation répétée maintes fois dans l’histoire, un équilibre instable menant quasi inévitablement à la guerre, d’après le chercheur (3). Or, plusieurs signaux contemporains tendent à accréditer aujourd’hui cette idée du piège : la relance de la guerre commerciale entre les deux puissances à partir de 2018 (4), l’inscription des « ambitions chinoises » à l’agenda du G7 et du sommet de juin 2021 de l’Otan (5) ou, enfin, la constitution de l’alliance AUKUS (6) entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis la même année, destinée à contrer l’influence chinoise dans la zone indo-pacifique. Pourtant, derrière son image de puissance conquérante, la Chine n’a cessé d’éviter le déclenchement d’un conflit direct avec les États-Unis depuis la fin de la guerre froide (7). De ce point de vue, Pékin semble être une puissance « néo-révisionniste (revisionist stakeholder) » (8), insatisfaite non pas tant de l’ordre international actuel – qui lui profite largement sur le plan économique et technologique –, que de sa position au sein de cet ordre (9)Lire la suite

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