Tour de France 2020 et anecdotes historiques :
31 août / Nice-Sisteron, ou le souvenir de Napoléon
31 août / Nice-Sisteron, ou le souvenir de Napoléon
Grenoble - Plaque de la route Napoléon © Guillaume Piolle
Exilé sur l’île d’Elbe, Napoléon veut retrouver la France et rétablir son pouvoir. Il débarque le 1er mars 1815 à Golfe-Juan. Son objectif est de remonter au plus vite à Paris mais en évitant les troupes du roi Louis XVIII dans la vallée du Rhône, d’où le choix de passer par la montagne, via Grenoble. Cette route, passant de la Côte d’Azur, traversant la Provence intérieure et arrivant dans les Alpes, est devenue depuis la « Route Napoléon », d’autant plus que l’Empereur reçoit un accueil très chaleureux de la part des Français déjà très remontés contre la politique menée par la Restauration (sur l'Empereur, lire Michel Klen, « Plaidoyer pour l'Empereur », RDN n° 829, avril 2020). La route du Tour va donc suivre ce parcours historique et traverser des villes petites, enclavées au cœur des Alpes de Haute-Provence, mais riches d’un très grand patrimoine. Ainsi, la ville de Grasse, connue mondialement pour ses parfums, a un carré militaire dans son cimetière accueillant les dépouilles des soldats décédés lors de la Première Guerre mondiale et qui étaient soignés dans cette région au climat salutaire. Grasse a eu sa caserne construite en 1890 et qui a abrité le 23e Bataillon de chasseurs alpins (BCA) jusqu’en 1914.
Digne a également eu un passé militaire intéressant avec sa caserne Desmichels, abritant aujourd’hui la mairie ainsi que le Délégué militaire du département (DMD). L’armée d’armistice y déploya un bataillon face à l’Italie et la Résistance y fut active notamment avec l’Organisation de résistance de l'Armée (ORA), après la dissolution de l’armée de Vichy. Le 19 août 1944, la garnison allemande retranchée dans cette caserne se rendit aux troupes américaines appuyées par les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Un camp de prisonniers allemands y fut implanté avec environ 2 500 captifs.
Sisteron est un lieu riche d’histoire militaire de par sa position géographique, constituant un verrou stratégique entre la Provence et le Dauphiné, d’où un complexe fortifié impressionnant à la confluence entre la Buech et la Durance, descendant vers la Méditerranée. La forteresse, s’appuyant sur des constructions antérieures, a été aménagée sous Henri IV par Jean Errard (1554-1610) qui a introduit la fortification italienne, puis régulièrement modernisée notamment par Vauban. Toutefois, la citadelle est déclassifiée en 1889, la Savoie ayant été rattachée à la France depuis 1860 et démilitarisée en 1920. Par ailleurs, les tours de l’enceinte médiévale de la ville furent préservées par Prosper Mérimée (1803-1870), inspecteur général des monuments historiques et écrivain, auteur de Carmen (1847) qui fut adapté par Georges Bizet pour l’opéra en 1875.
Publié le 31 août 2020
Jérôme Pellistrandi