Tour de France 2020 et anecdotes historiques :
15 septembre / La Tour du Pin–Villard de Lans : résister
15 septembre / La Tour du Pin–Villard de Lans : résister
Nécropole de Vassieux-en-Vercors (© David Monniaux)
Le Dauphiné et le Vercors ont été terres de Résistance autour de Grenoble, une des 5 communes de France ayant le titre de Compagnon de la Libération avec le village martyrisé de Vassieux-en-Vercors, un peu au sud de l’arrivée de ce jour.
À Vizille, nous retrouvons la Route Napoléon du début du Tour, juste avant d’atteindre la capitale iséroise. Pour l’Empereur, ces étapes voyaient grossir de jour en jour l’adhésion populaire, hostile à la Restauration.
Grenoble a été et reste une place majeure dans l’organisation militaire même si l’empreinte actuelle a été fortement réduite. Mais dans les hauteurs culminant autour du bassin grenoblois, différents systèmes de fortifications y ont été établis, notamment après la défaite de 1870 avec le général Séré de Rivières, l’Italie pour laquelle la France avait combattu pour son unité, étant considérée par la IIIe République comme peu amicale. À Claix, le Fort de Comboire construit entre 1882 et 1894 appartient à une série de 7 forts construits pour protéger la vallée de l’Isère. Ceux-ci ne participèrent pas aux deux guerres, même s’ils furent occupés durant la Seconde Guerre mondiale par les troupes italiennes puis allemandes. En 1971, il fut transformé en dépôt de munitions jusqu’à sa fermeture en 1984.
Plus en bas, une grande part de l’industrie chimique fut développée à partir de 1915 quand il fallut augmenter la production d’explosifs pour alimenter le front et l’utilisation de l’énergie hydroélectrique facilita la montée en puissance des usines notamment à Pont-de-Claix.
La partie finale de l’étape emmène les coureurs vers le Vercors, via sa porte d’entrée grenobloise de Saint-Nizier. Le relatif isolement du massif a permis très vite le développement de maquis permettant d’échapper en particulier au Service du travail obligatoire (STO). Alimentés à partir de Grenoble, véritable plaque tournante, les réfractaires gagnaient la montagne et étaient pris en compte par les différentes unités de Résistance, avec la complicité de la Gendarmerie qui fermait les yeux sur la présence de nombreux jeunes. À Villard-de-Lans, dès le début de la guerre, de nombreux Polonais y trouvèrent refuge après la défaite de leur pays. À la suite du débarquement du 6 juin 1944, le Vercors s’engagea dans la lutte armée en instaurant une République libre du Vercors, émanation du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Toutefois, les Allemands étaient décidés à réduire brutalement cet abcès menaçant et organisèrent une offensive en juillet. Le rapport de force favorable aux troupes allemandes appuyées par la Milice et l’absence d’armement lourd pour les unités du maquis aboutirent à la défaite de celui-ci et aux exactions de l’occupant contre les populations civiles du Vercors (lire Claude Franc, « Histoire militaire - La libération des Alpes : juin-septembre 1944 », RDN n° 825, décembre 2019, p. 115-123).
Le général de Gaulle fit du village martyr de Vassieux un Compagnon de la Libération avec le décret du 5 août 1944.
En soutenant puis en inaugurant les Jeux olympiques d’hiver de 1968 à Grenoble et dont les épreuves de luge se sont déroulées à Villard-de-Lans, le général de Gaulle, président de la Ve République, voulait poursuivre son œuvre visant à renforcer le prestige de la France et considérait que le sport était un élément essentiel du rayonnement d’une Nation. Les JO de 1968 furent effectivement un succès sportif, économique et populaire pour la France.
Publié le 15 septembre 2020
Jérôme Pellistrandi