Carte de la RC4 (ONAC : www.caobang.fr/)

Le 3^e Tabor pousse sans difficulté sur la cote 590 puis sur la cote 477 et un peu au-delà. Le colonel Charton pousse avec une partie de son Poste de commandement (PC) le plus rapidement possible sur la cote 590 qu’il atteint vers 11 heures seulement. Il demande aux Partisans et à la Légion de pousser en avant au plus vite malgré le terrain très difficile.

Malheureusement, deux évènements désastreux marquent la journée et pèseront lourdement sur le déroulement futur des opérations.

• Le capitaine qui commandait le groupement des trois compagnies de Partisans qui avait atteint dès l’aube la cote 590 essaie sans résultat de prendre liaison radio avec le PC de la colonne pour demander d’aller établir contact à hauteur de Tan Be avec la colonne Lepage. Il ignore que cette dernière est encerclée. Le PC Charton étant en déplacement ne peut être contacté. Le commandant du 3^e Tabor, suppléant le colonel Charton, déconseille au capitaine des Partisans de tenter une pareille liaison, mais ne le lui interdit pas formellement. Le capitaine, avec sa seule compagnie, se rendit néanmoins à Tan Be où il tomba dans une sévère embuscade. Il fallut pour le dégager de cette souricière engager tout le bataillon de partisans qui arrivait sur la cote 590. Résultat : une compagnie de Partisans – l’une des meilleures – hors de combat et surtout, une grosse perte de temps, car le bataillon de Partisans aurait pu être sans retard bien au-delà de Na Kao, ce qui aurait tout changé.

• Le groupement de civils, très difficile à commander, sous les ordres de l’administrateur Tu, progressait en désordre derrière les Partisans. Une partie des civils, pour une cause inconnue, stoppa. Le 3^e bataillon du 3^e Régiment étranger d’infanterie (III/3^e REI) crut à une halte commandée et stoppa à son tour. Il ne déboucha de la cote 590 que vers 18 heures, ayant eu à mener d’assez durs combats d’arrière-garde. Il eut des pertes et les civils en eurent de sévères. Son arrivée trop tardive empêcha le commandant de la colonne d’envoyer ce bataillon encore plus en avant, ce qui l’aurait mené à portée des canons de That Khé.

Vers 15 heures, le groupement Lepage, dont le chef prenait le commandement de l’ensemble des deux groupements, conformément aux ordres, demanda au groupement Charton de stopper pour l’aider à décrocher. Il demandait que l’on envoie des éléments sur les pitons de Qui Chan de suite pour l’aider à déboucher des gorges de Coc Xa. Il comptait décrocher le 7 octobre, au lever du jour.

Deux compagnies de Partisans furent déroutées sur Qui Chan au lieu d’être dirigées sur Na Kéo et au-delà. Néanmoins, une compagnie de Partisans fut envoyée prolonger au sud les positions tenues par le 3^e Tabor pour dominer les cuvettes de Ban Ca-Na Kéo.

Vers 18 heures, l’ennemi attaqua la cote 590. Craignant une attaque vietminh sur ses arrières si la cote 590 était abandonnée, le colonel Charton décida de faire tenir cette cote par le III/3 REI qui s’établissait de la cote 590 au nord, jusqu’à hauteur du premier Na Lai, au sud.

En somme, l’implantation sur le terrain du groupement Charton était la suivante, le 6 octobre au soir :

• Le III/3^e REI et une compagnie de Partisans étaient échelonnés depuis la cote 590 au nord compris, et sur les pentes se dirigeant vers le sud-est partant de cette cote sur 2 kilomètres environ.

• Les civils s’entassaient un peu partout entre les cotes 590 et 477.

• Le 3^e Tabor était échelonné sur le mouvement de terrain s’étendant depuis 1 km au nord de la cote 477, jusqu’à 1 km au sud de celle-ci. Une compagnie de Partisans occupait le piton dominant Ba Ca.

• Deux compagnies de Partisans occupaient le mouvement de terrain autour de Qui Chan, prêtes à donner la main au groupement Lepage. Le PC du groupement était à 600 mètres au nord de la cote 477 avec celui du 3^e Tabor. La position du groupement était solide à condition de tenir solidement les positions occupées et favorable à une reprise du mouvement en direction de That Khé.

Les réactions ennemies étaient violentes en direction de la cote 590. Durant toute la nuit, le Vietminh tenta de s’en emparer au nord jusqu’à hauteur du premier Na Lai au sud. On apercevait des feux de bivouac vers l’ouest sans pouvoir déterminer si ces feux étaient le fait de nos civils ou de l’ennemi. Au cours de la nuit, le PC Lepage fait connaître qu’il tentera de décrocher au cours de la nuit même, le 7 octobre à 3 heures du matin.

Le colonel Charton, inquiet de la situation générale, demanda par radio au capitaine Labeaume de That Khé de pousser ses canons au Pont Bascou et de faire tous les efforts nécessaires pour installer une position de repli avec les forces disponibles de That Khé sur les cotes 703 et 608 à l’est et à hauteur du col de Lang Phaï. Le groupement Labeaume occupa effectivement ces cotes. Le colonel Charton espérait pouvoir porter rapidement son groupement le 7 octobre au matin à portée des canons de That Khé, ce qui, à son sens, était le salut. Les bataillons de Charton occupaient les points dominants du terrain et auraient dû, au cours de la nuit, avoir le temps de s’enterrer et de se garder contre toute surprise. ♦

Publié le 06 octobre 2020

Claude Franc