Daniel Cordier, compagnon de la Libération, est mort
Daniel Cordier à Paris (© Ordre de la Libération)
Nous apprenons la disparition de l’un des deux derniers compagnons de la Libération encore vivants, Daniel Cordier, à l’âge de 100 ans. Secrétaire de Jean Moulin pendant la Seconde guerre mondiale, puis marchand d’art dans sa vie après la guerre, l’ancien résistant est décédé ce vendredi 20 novembre.
Un engagement patriotique qui le mène vers la Résistance
Scandalisé par l’Armistice du 17 juin 1940, Daniel Cordier décide de poursuivre le combat. Le 21 juin 1940, il embarque avec 15 autres camarades au bord du paquebot Léopold II, qui le fit arriver en Angleterre, puis à Londres le 28 juin 1940. Il s’engage dans la Légion française
Il intègre par la suite le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), dirigé par le colonel Passy.
Témoin de la création du Conseil national de la Résistance et secrétaire de Jean Moulin
Cordier, alors âgé de 21 ans, fit toujours preuve de détermination dans ses missions. Il rencontre Jean Moulin, qui décide de le recruter pour mener avec lui la mission émanant de De Gaulle : la création du Conseil national de la Résistance (CNR). Pendant plusieurs mois, ils travaillent ensemble à cette tâche. Cordier avait alors choisi « Alain » comme pseudonyme clandestin.
Mais dès 1944, il se sent en danger : la Gestapo dispose de son nom et d’une photo de lui, et peut de ce fait l’identifier et l’arrêter. En mars 1944, il souhaite rejoindre Londres depuis la France, en passant par l’Espagne, mais il est arrêté par les forces de Franco en Espagne.
Il parvient à rejoindre Londres qu’à la mi-mai 1944. Il fut alors chef de la section de parachutages d’agents du BCRA : il avait alors hâte d’être confronté à l’ennemi. Mais il n’assista pas aux débarquements en France, ne gagnant Paris qu’en octobre 1944.
Compagnon de la Libération
Il fut fait compagnon de la Libération par décret du général de Gaulle en novembre 1944. Il est, dans la foulée, nommé à la direction des études et de la recherche (DGER), où il est le chef de cabinet du colonel Passy, qui est à la tête des services secrets de la Résistance. Dans ce cadre, Cordier est notamment chargé d’une mission d’information sur la solidité du régime franquiste en Espagne, à la demande du général de Gaulle.
Après la guerre, il préféra s’éloigner des honneurs et des commémorations, et démissionne de ses fonctions en 1946, quand de Gaulle quitte ses fonctions.
Un retour à la vie civile comme galeriste et historien
L’aube des années 1950 furent pour lui l’occasion de se vouer à l’art, en débutant une formation à la peinture et en créant une galerie d’art. Il fut également, le reste de sa vie, jusqu’à récemment encore historien et écrivain prolifique, avec la publication de 6 ouvrages, dont le dernier en 2014. Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages sur Jean Moulin, ainsi que d’une autobiographie, parue en 2009.
Avec la mort de Daniel Cordier ce 20 novembre 2020, et peu de temps après celle de Pierre Simonet, survenue le 5 novembre, Hubert Germain reste le dernier compagnon de la Libération encore vivant. ♦
Publié le 20 novembre 2020