Valéry Giscard d’Estaing est mort
Valéry Giscard d'Estaing (Licence Creative Commons)
Valéry Giscard d’Estaing est mort le mercredi 2 décembre 2020 des suites de la Covid-19. Président de la République de 1974 à 1981, son septennat a marqué l’histoire politique française, considéré comme celui qui fit entrer la France dans la modernité.
Né le 2 février 1926 à Coblence en Allemagne, Valéry Giscard d’Estaing intégra la récente École nationale d’administration (ENA), Promotion « Europe », fondée en 1945, en janvier 1949 et rejoignit l’inspection des finances à l’issue de sa scolarité. Engagé en politique, il connut différents mandats d’élu national et local, avant de devenir le troisième président de la Ve République. Réformateur, il fut l’artisan de la modernité sociale en France, puis, dans une seconde partie de sa vie, celui de la construction européenne.
De la jeunesse en politique
Il n’avait que 30 ans lorsqu’il fut élu député du Puy-de-Dôme en 1956. Jeune inspecteur des finances, il connut par ailleurs différents mandats locaux, symbole de son ancrage dans les territoires avant de devenir, à l’issue de la campagne qui a lieu après la disparition de Georges Pompidou en 1974, le plus jeune président de la République depuis 1895. À 48 ans, il entreprit de grandes réformes sociales et économiques en France. Par ailleurs, il fut le président qui prit le pli de la modernité, tant sociale que politique, en devenant le premier à entrer dans la communication moderne.
Valéry Giscard d’Estaing, le réformateur
Élu président de la République de 1974 à 1981, Valéry Giscard d’Estaing fut le président de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), obtenu à l’issue d’un combat politique et social mené par Simone Veil (1927-2017). Il abaissa la majorité à 18 ans, et entreprit une réforme afin de faciliter le divorce.
Une vision du monde qui fit entrer la France dans la modernité. Une modernité qui ne pouvait, selon Valéry Giscard d’Estaing, se faire sans l’Allemagne, et sans l’Europe.
Le rapprochement franco-allemand et la construction européenne
Le septennat de Valéry Giscard d’Estaing était aussi marqué par de grandes réformes internationales. Instigateur du premier G5 (qui devint le G7), qui rassemble les cinq, puis les sept principales puissances internationales, il mena une politique étrangère centrée sur l’Europe, et réaffirma la puissance militaire de la France. Dans un discours, retranscrit par la RDN, devant l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 1er juin 1976, il rappela deux concepts principaux à ses yeux, qui caractérisaient la France : une puissance autonome, et une puissance militaire.
Valéry Giscard d’Estaing fut aussi le président proche du chancelier allemand Helmut Schmidt, incarnant l’amitié franco-allemande, ciment de la construction européenne dans les années 1970. Par ailleurs, en 2005, année du vote pour le projet de constitution européenne – dont Giscard avait été l’un des artisans – l’ancien chancelier allemand avait déclaré dans les colonnes du Monde, que Valéry Giscard d’Estaing avait « compris ce qu’était l’idée européenne ».
Valéry Giscard d’Estaing l’Européen et l’Académicien
À la fin de son septennat, en 1981, il poursuivit sa carrière politique en tant que député du Puy-de-Dôme (il le fut jusqu’en 2002), et participa, à l’échelle européenne, à la réflexion sur une constitution européenne, et fut un grand partisan du traité de Maastricht de 1992, qui acta la naissance de l’Union européenne. Européen convaincu, Giscard avait été le président de l’élargissement européen, et connut, en 1979, pendant son mandat, la première élection du Parlement européen au suffrage universel, qui vit l’élection de son ancienne ministre, Simone Veil, à la tête du Parlement européen.
Littéraire, Giscard d’Estaing publia également de nombreux ouvrages. Il fut élu à l’Académie française en 2003, et marqua l’institution par sa présence. Acteur assidu, dans une dernière partie de sa vie, du Conseil constitutionnel, il resta impliqué, pendant longtemps, dans la vie politique et institutionnelle de la France.
Alors qu’il était devenu, en 2017, l’ancien président le plus âgé de l’histoire de France, la Covid-19 l’a emporté à l’âge de 94 ans, peu de temps après avoir été hospitalisé pour des raisons respiratoires. L’Élysée souhaitant respecter les volontés du défunt, aucun hommage national ne lui sera rendu, mais Emmanuel Macron a déclaré que sa mort constituait un « deuil pour la nation française ». ♦
Valéry Giscard d'Estaing dans la RDN
• « Allocution du président de la République à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) », 1er juin 1976, Revue Défense Nationale, n° 357, Juillet 1976, p. 5-20.
Publié le 03 décembre 2020