Coup dur pour la marine espagnole dans le cadre de l'opération Atalanta
Navire amphibie L-52 Castilla dans la base de Rota (© Antonio Galán Cees / Wikicommons)
Parti de sa base de Rota (province de Cadix) le 30 janvier, le navire amphibie L-52 Castilla – appartenant à la classe des Landing Plateform Dock (LPD) Galicia – vers la Corne de l’Afrique, dans le cadre de l’opération Atalanta, conduite depuis 2008 par l’Union Européenne, vient de connaître une avarie grave sur l’un de ses arbres d’hélice, l’obligeant à interrompre sa mission.
Le L-52 Castilla devait rester sur zone jusqu’à la fin du mois de juin et son retour impromptu oblige Madrid à renvoyer d’urgence une frégate afin de poursuivre Atalanta en en reprenant le commandement.
Le L-52 Castilla a été admis au service actif en 2000, avec une durée de vie prévue de 35 ans. Son sister-ship, le Galicia, est quant à lui, entré dans l’Armada en 1998. Il s’agit des plus gros bateaux de la marine espagnole après le Buque de Proyección Estratégica (BPE) Juan Carlos, bâtiment de projection stratégique avec une longueur de 160 m, un déplacement de 13 800 tonnes pleine charge (tpc), un radier avec 4 Landing Craft Mechanized (LCM), la capacité de mettre en œuvre 6 hélicoptères et de déployer un contingent de 400 soldats.
Cet incident est perçu par certains observateurs comme révélateur de la crise que connaît l’Armada depuis 2008 avec une baisse notable des crédits dont ceux consacrés au maintien en condition opérationnelle (MCO) qui ont baissé de 35 % depuis plus de 12 ans. De fait, le nombre de bateaux est passé de 77 en 2010 à 61 aujourd’hui et la moyenne d’âge de la flotte atteint désormais 27 ans, traduisant un vieillissement continu et donc aggravé par une maintenance de plus en plus coûteuse. Un cercle vicieux qui risque de durer, même si, dans quelques jours, la mise à flot du premier sous-marin de la classe S 80 Plus, le Isaac Peral, va faire illusion. Les S 80 ont été commandés en 2003, le premier tête de série a été mis sur cale en 2007 et a connu de nombreux déboires. Cela a obligé à maintenir en service 2 des 4 Agosta dont la durée de vie a désormais dépassé les 35 ans.
Concernant le L-52 Castilla, l’indisponibilité de l’un des 2 groupes propulseur va aussi poser la question du franchissement du Canal de Suez surtout après l’incident du porte containers Ever Given. Une des règles est le bon fonctionnement de la propulsion du navire transitant par le Canal.
Ce coup dur pour la marine espagnole intervient alors que les discussions sur les crédits de défense sont toujours très tendues à Madrid, la défense étant considérée depuis longtemps comme une variable d’ajustement, au risque de fragiliser durablement des forces armées de qualité mais largement sous-dimensionnées et devant sans cesse trouver des expédients pour assurer les missions. ♦
Publié le 09 avril 2021
Jérôme Pellistrandi