1re étape - 26 juin 2021 - Brest–Landerneau : Une très longue histoire militaire marquée par la Marine et qui continue de nos jours
Thesupermat, Plan-relief du port de Brest : le port dans son état de 1811, Wikipédia
La 108e édition du Tour de France s’élance de Brest, l’un des deux principaux ports militaires de France avec celui de Toulon, et ce, depuis le XVIIe siècle. C’est dire si l’empreinte de l’histoire maritime y est importante et que la ville elle-même témoigne de ce passé glorieux mais aussi douloureux.
À la fin du IIIe siècle, alors que la sécurité de l’Empire romain était menacée, un camp fortifié est édifié pour protéger le havre que constitue la rivière qui sera appelée plus tard la Penfeld.
Des restes de murs subsistent dans les fondations du château actuel. En 1631, le cardinal de Richelieu décide de faire de l’endroit un port militaire pour faire face aux incursions anglaises et espagnoles. Vauban va fortifier la ville à partir de 1683. La population va ainsi passer de 2 000 habitants en 1681 à plus de 6 000 à peine deux ans plus tard.
La construction navale militaire va ainsi organiser l’espace de la Penfeld ainsi que toute la ville tournée vers la mer. En 1830, l’École Navale y est implantée par une décision du roi Louis-Philippe. Celle-ci sera à flot jusqu’en 1914, avec notamment les célèbres bateaux Bordas, surnommé ainsi en souvenir des bateaux qui ont longtemps servi dans le port de Brest de navire de formation pour les élèves de l’école d’application de la marine. Ceux-ci ont fini par donner leur nom aux élèves de l’École : les Bordaches. L’arrivée du chemin de fer dès 1865 va renforcer encore le rôle de Brest, tandis que toute la rade bénéficie d’aménagements défensifs dont certains sont encore utilisés de nos jours.
Durant la Première Guerre mondiale, l’Escadre de l’Atlantique est fortement sollicitée tandis qu’à partir du 26 juin 1917, les soldats américains vont y débarquer. Près de 800 000 GI’s transiteront par le port.
La Seconde Guerre mondiale sera beaucoup plus tragique. Jusqu’au 19 juin 1944, la Marine parvient à faire évacuer une grande partie de sa flotte ainsi que des milliers de soldats français et britanniques, tandis que les troupes du Génie détruisent les installations. La ville est occupée à partir du 20 juin et les Allemands vont utiliser autant que possible le port. La construction de la base sous-marine va ainsi permettre à la Kriegsmarine de déployer ses U-Boot pour la Bataille de l’Atlantique. Brest, de ce fait, va être l’objet de nombreux bombardements alliés détruisant la quasi-totalité de la ville. La Libération n’interviendra que le 18 septembre 1944 après un siège de 43 jours ayant débuté le 7 août.
La reconstruction de la ville, mais aussi de l’arsenal s’étendra jusqu’aux années 1960 avec l’emblématique Pont de Recouvrance.
La dimension militaire va se poursuivre avec notamment l’aménagement de l’École navale à Lanvéoc-Poulmic dès 1945, les anciens bâtiments inaugurés en 1935 ayant été en grande partie détruits. Ceux-ci rouvriront en 1966 et abritent le Lycée naval et l’École des Mousses. Durant les années 1960-1970, l’Île-Longue est aménagée pour accueillir les sous-marins nucléaires de la Fost (Force océanique stratégique). Brest a vu également la construction de nombreux navires dont l’emblématique porte-avions Charles-de-Gaulle. Depuis, Naval Group, héritier des arsenaux de Colbert, se concentre sur l’entretien et les rénovations des navires dont les SNLE (Sous-marin nucléaires lanceurs d’engins).
Même si le poids du maritime militaire naval a diminué, Brest reste un élément central pour la défense française et participe directement à l’économie régionale grâce à ses entreprises de la BITD (Base industrielle et technologique de défense).
Cimetière de bateaux à Landévennec
La première étape va donc circuler autour de la rade et passera à Térenez, à quelques encablures de l’anse de Landévennec, cimetière marin où la marine stocke ses vieilles coques en attendant leur démantèlement. Lieu romantique surtout quand la brume enveloppe au petit matin des fantômes gris.
Quimper, chef-lieu du département du Finistère, a eu un long passé militaire avec au XVIIe siècle un régiment irlandais au service du Roi de France et qui logeait chez l’habitant. La magnifique Maison conventuelle des Dames de la retraite, construite au XVIIIe siècle, fut affectée à des fins militaires depuis 1811, notamment à la Gendarmerie. Le couvent des Ursulines édifié au XVIIIe siècle fut également utilisé par l’armée. La caserne de la Tour d’Auvergne, sur le modèle des casernements bataillonnaires de la IIIe République, fut bâtie en 1874. Elle abrita plusieurs régiments d’infanterie et fut rétrocédée à la ville dans les années 1970.
Non loin de Quimper, une base aéronavale fut installée près de Guengat. Elle fonctionna de 1968 à 1998 et fut reconvertie en zone industrielle et de stockage.
Logo de l'école des sous-officiers de gendarmerie à Chateaulin
Remontant vers le nord, le peloton passe à Châteaulin, qui abrite une des écoles de formation de la Gendarmerie nationale. Cette école est implantée sur un site de 200 hectares qui a hébergé de 1979 à 1999 le 41e Régiment d’Infanterie. Celui-ci prenait ses racines dans un régiment formé à Nancy à partir de 1634. Jusqu’en 1914, le 41e RI était stationné à la caserne Saint Georges à Rennes d’où il partit pour la durée de la guerre. Il revient à Rennes et s’installe au quartier Mac Mahon. Il est dissous en 1942. Rejoignant les maquis, il participe aux combats de Saint Marcel en juin 1944. En 1979, le 41e RI rejoint un cantonnement tout neuf à Dinéault, près de Châteaulin pour assurer la protection terrestre des installations de la Fost dont l’Île-Longue. Dissous, son drapeau est désormais confié à la garde du Groupement de sélection Nord-Ouest du 41e RI, installé au quartier Lyautey dans la banlieue rennaise et qui sera desservi d’ici quelques mois par le métro Ligne B (station Courrouze).
L’arrivée s’effectue à Landerneau dont le couvent des Ursulines construit à partir de 1656 fut transformé en caserne à partir de 1792. Plusieurs bataillons de la Marine ou de l’Armée y passèrent, notamment pour assurer la garde d’une annexe du bagne de Brest. En 1900, une garnison y fut installée avec la présence du 19e RI. En 1946, les bâtiments deviennent un lycée. Landerneau a également abrité 3 hôpitaux militaires avec un premier pavillon dédié aux soldats en 1909. La guerre de 1914-1918 obligea à ouvrir de nouvelles structures, dont un hôpital militaire américain qui fonctionna jusqu’en février 1919. ♦
Publié le 26 juin 2021
Jérôme Pellistrandi