5e étape - 30 juin 2021 - Changé–Laval (CLM) : Une vieille garnison cédée pour 1 € symbolique
Laval, la tour Belot-Loisel et une portion des remparts (© Manfreyd Heyde)
Le contre-la-montre (CLM) de cette journée se déroulera autour de Laval. Vieille ville médiévale dominant la paisible rivière de la Mayenne, la cité connut au cours de son histoire plusieurs conflits liés à la formation du Royaume de France ; le roi Saint Louis y passa en 1231 et la guerre franco-bretonne de 1488 y laissa des traces. Toutefois, la paix revenue au XVIe siècle permit à la ville de prospérer et au XVIIIe siècle, les remparts, frein à l’essor économique et inutiles du point de vue militaire, sont démolis.
Avec la Révolution, le Couvent des Cordeliers est transformé en caserne et celle-ci va être aménagée à partir de 1812. Ce sera le quartier Corbineau dont l’ultime utilisation fut le mess de garnison. Corbineau abritât jusqu’à 500 soldats dans l’ancien bâtiment monastique, mais, en 1842, l’État souhaite faire quitter ses troupes de la ville. Celle-ci désireuse de conserver une garnison bénéfique pour le commerce décida de construire deux édifices supplémentaires de 1862 à 1863. En 2021, le quartier Corbineau, qui avait accueilli des services administratifs de l’État et de la ville, va être transformé et proposera 70 appartements de standing. Sa vente rapportera près de 2 millions d’euros à la ville.
Carte postale représentant la Caserne Schneider
Dans les années qui suivent la guerre de 1870-1871, le réarmement de la France voit la construction de très nombreuses casernes et Laval voit ainsi l’édification sur le plateau de la caserne Virgile Schneider (du nom du ministre de la Guerre en 1839-1840). Plusieurs régiments d’infanterie vont s’y succéder à partir de 1877 dont le 101e Régiment d’infanterie, puis le 124e RI et enfin le 130e RI. Durant la Première Guerre mondiale, des soldats russes stationnèrent dans la ville et furent très vite l’objet d’une surveillance importante, ceux-ci étant infiltrés par des agents bolcheviques.
Portrait du général Gustave Ferrié
La vie militaire de Laval évolua après-guerre avec la création le 10 août 1956 du 38e Régiment d’instruction des transmissions (RIT) devenu 38e RT. Il possède alors un bataillon d’instruction implanté à Saint Brieuc dans le quartier Charner. Le 28 mars 1969, le quartier est rebaptisé Quartier Ferrié en l’honneur du général Gustave Ferrié, « père » des Transmissions et sauveur de la Tour Eiffel qu’il utilisa comme antenne radio, donnant à celle-ci cette dimension stratégique la préservant définitivement de la démolition. Dans le cadre de la professionnalisation des armées, le 38e RT fut dissous et le 42e RT créé en Allemagne après-guerre et appartenant aux Forces françaises en Allemagne (FFA) depuis 1947 y fut transféré en 1999. L’École supérieure et d’application des transmissions (ESAT) – devenue depuis l’École des Transmissions (ETRS) – y eut une antenne pour assurer la formation de certaines catégories de sous-officiers.
À la suite des mesures de restructuration de 2008 imposée par le président Sarkozy, le 42e RT fut également dissous en 2011, signifiant ainsi la fermeture définitive de la garnison de Laval. Les 50 hectares du quartier Ferrié furent cédés à la ville pour un euro symbolique et la zone transformée progressivement.
La présence militaire à Laval se réduit désormais au Délégué militaire départemental (DMD) dont les bureaux sont implantés dans l’ancien centre médical du Quartier Ferrié. ♦
Publié le 30 juin 2021
Jérôme Pellistrandi