9e étape - 4 juillet 2021 - Cluses–Tignes : Un terrain propice aux Chasseurs alpins
La vallée d'Arve
La vallée de l’Arve constitue un des axes entre l’Italie et la région de Genève. Le Traité de Saint-Julien en juillet 1603 entre le Duché de Savoie qui venait de perdre la guerre et la ville de Genève imposa l’interdiction de la construction de forteresses à proximité de Genève. Après l’annexion du Duché par la France, le droit international a maintenu cette obligation. Bien que l’Empire de Napoléon III ait largement œuvré à l’unité italienne, très vite, dès la fin du XIXe siècle, l’hostilité italienne s’est fait ressentir à l’égard de la France. En raison du Traité, Paris décida de laisser ouverte la Haute-Savoie en s’interdisant de fortifier la « trouée de Genève », hormis la construction de casernes à Annecy, Rumilly et Annemasse.
La montée des périls avec l’Italie de Mussolini aboutit dans les années 1930 à édifier plusieurs ouvrages fortifiés du Lac Léman à Albertville. Ainsi, aux environs de Magland, la petite ligne Maginot du Faucigny fut construite avec le barrage de Magland confié au 107e BCA (Bataillon de chasseurs alpins) qui entreprit des travaux de protection à partir du 20 octobre 1939 jusqu’en mai 1940. D’autres casemates parsèment la vallée de l’Arve et dont les vestiges sont encore visibles.
La Forteresse de Bourg-Saint-Maurice
Après avoir franchi des cols mythiques, la course traversera Bourg-Saint-Maurice. Le départ en 2012 du 7e BCA pour Varces, dans la banlieue de Grenoble, fut vécu comme un traumatisme par la ville, à la suite des restructurations de 2008. Le Bataillon tenait garnison depuis 1962 au quartier Capitaine Bulle. 1 200 soldats ont donc dû quitter la cité et avec les familles, cela représentait environ 2 000 personnes. Le site de 21 hectares dont 8 bâtis a entamé sa reconversion avec un hôtel et un marché couvert, représentant 200 à 300 emplois.
Sur les sommets dominant la ville, subsistent des fortifications qui protégeaient le territoire savoyard contre l’Italie ; la batterie de Vulmix, encore utilisée pour la formation des chasseurs alpins, faisait partie du secteur fortifié de la Savoie et dépendait du sous-secteur de la Tarentaise. Le 70e Bataillon alpin de forteresse armait les fortins de la région. Ainsi, Vulmix était doté de 4 canons de 75 mm et 2 de 95 mm.
Le 10 juin 1940, alors que les armées françaises étaient débordées dans le quart nord-est du territoire par la Wehrmacht, Mussolini déclara la guerre à la France, espérant une victoire facile et mettre ainsi la main sur une partie de la Savoie. L’armée des Alpes commandée par le général Olry, bien qu’en infériorité numérique, tint en échec les divisions italiennes. Au col du Petit-Saint-Bernard, le lieutenant Tom Morel (le héros des Glières en 1944) obligea les troupes italiennes à battre en retraite lorsqu’elles attaquèrent le col les 20-22 juin. Le fort ne fut évacué que le 2 juillet après que les troupes italiennes rendirent les honneurs aux chasseurs alpins français. Le col fut l’objet de nouveaux combats à la Libération et le 29 avril 1945, les 13e et 7e BCA y combattirent la Wehrmacht qui avait remplacé les Italiens depuis 1943.
Insigne du 13e BCA
L’arrivée à Tignes rappellera la mémoire de la construction du barrage en 1952 qui vit la submersion de l’ancien village et sa reconstruction sur les hauteurs avec une réorientation économique tournée vers le tourisme de montagne. Le 13e BCA implanté à Chambéry y possède un poste militaire alpin permettant de s’entraîner directement au cœur des Alpes. Le 13e BCA voit son origine à Besançon en janvier 1854 avec la création du 13e Bataillons de chasseurs à pied (BCP) ; il est implanté depuis 1882 à Chambéry. En 1889, il s’installe dans le quartier Joppet qui vient d’être construit. Ayant participé à tous les conflits du XXe siècle, le 13e BCA se déplace en 1980 au quartier du Roc-Noir à Barby, dans la banlieue de Chambéry et son nouveau casernement sera inauguré en 1981 par Charles Hernu, alors ministre de la Défense. ♦
Publié le 04 juillet 2021
Jérôme Pellistrandi