12e étape – 8 juillet 2021 – Saint-Paul-Trois-Châteaux–Nîmes : camisards, gladiateurs et légionnaires
Jean Cavalier (chef camisard), tableau de Pierre-Antoine Labouchère © G280 - Musée du Désert
Le départ avec la traversée du Rhône et de Pierrelatte nous replonge au temps des Trente Glorieuses avec le développement du nucléaire militaire et civil. À Marcoule, à une trentaine de kilomètres plus au sud, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) engage dès 1955 la construction de l’usine d’enrichissement destiné à fournir du plutonium. À Pierrelatte, le site du Tricastin commence à être édifié à partir de 1961. Si Marcoule ne produit plus de plutonium, le CEA y maintient une activité importante de recherche et cet ensemble associant EDF, Orano (ex-Areva) et le CEA contribue au quotidien à garantir notre autonomie stratégique.
Après les Alpes, c’est au cœur des Gorges de l’Ardèche et du Massif central que les coureurs vont évoluer pour rentrer dans les Cévennes. Des terres isolées et enclavées qui donnèrent du fil à retordre à la Royauté en raison de l’attachement des habitants au protestantisme. La guerre des Camisards de 1702 à 1705 entraîna des actes de répression intenses contre la population et il fallut vraiment attendre 1787 pour que le calme revînt dans cette zone escarpée, boisée et hostile.
Uzès, dont le titre ducal est l’un des plus prestigieux de l’aristocratie française, a abrité notamment les 58e et 40e Régiment d’infanterie dans la caserne Brueys, construite en 1750 à l’emplacement de l’église Saint-Julien. Durant la Première Guerre mondiale, les bâtiments hébergent des prisonniers de guerre allemands. Désaffectée en 1921, l’Armée de l’air reprend possession du lieu (rebaptisé Guynemer) en 1939 pour y former des mécaniciens. En 1942, lors de l’invasion de la Zone sud par les Allemands, le drapeau de l’unité est découpé en cinq morceaux pour que les Nazis ne le récupèrent pas. Depuis cette triste dissolution, Uzès cessa d’être une garnison.
Tour Fenestrelle, Uzès (Bernard Blanc)
Entre le Gard et Nîmes, le camp des Garrigues avec ses 4 782 hectares est un site militaire majeur avec les premiers bâtiments édifiés en 1878. Aujourd’hui utilisé principalement par le 2e Régiment étranger d’infanterie (REI), le camp vit défiler de 1967 à 2010 les officiers élèves de l’École d’application de l’infanterie quand celle-ci était située à Montpellier. Nîmes, le Nemausus romain, a et continue à jouer un rôle essentiel avec l’État-major de la 6e Brigade légère blindée (BLB), le 2e REI – le plus ancien des régiments de la Légion étrangère (créé par Louis-Philippe en 1841) –, le 4e RMAT (Régiment du matériel) et enfin le 503e Régiment du train (RT) installé sur l’ancienne base aéronavale de Nîmes-Garons.
Les arènes de Nîmes
La ville de Nîmes – en dehors de la période antique avec une enceinte de 6 km – fut refortifiée entre 1621 et 1629, puis une citadelle fut adossée au nord de la ville en 1687. En 1695-1700, une caserne complète le dispositif. Les fortifications sont cependant démantelées à la Révolution car elles n’ont plus d’utilité militaire et entravent le développement économique.
Le 2e REI est stationné depuis 1983 au quartier Colonel de Chabrières (ancien quartier Vallongue) et son histoire résume près de 180 ans de l’histoire de France tant le 2e REI a été de toutes les guerres et opérations. Nîmes a également eu un rôle important pour l’aviation avec une base aérienne à Nîmes-Courbessac, ouverte en 1920. La BA 726 a servi principalement de base école avant sa fermeture le 1er septembre 1996. Aujourd’hui, l’ancienne infrastructure militaire abrite une des Écoles de formation de la Police nationale. De l’autre côté de la rivière du Vistre, la base aéronavale de Nîmes-Garons a été un haut lieu pour la Marine. Si les premiers travaux ont débuté en 1939, son essor date de l’après-guerre avec une reconstruction selon les normes de l’Otan. La BAN Nîmes a hébergé de 1961 à 2011 les avions de patrouille maritime, du Neptune à l’Atlantique 2, désormais tous regroupés en Bretagne. Toutefois, le 503e RT a repris une partie des emprises depuis son transfert en 2011. Et depuis 2016, les avions de lutte contre l’incendie de la Sécurité civile dont les célèbres CL-415 Canadair y stationnent.
Publié le 06 juillet 2021
Jérôme Pellistrandi