18e étape – 15 juillet – Pau-Luz-Ardiden : Entre aviation, montagnes et eaux thermales
Le château de Pau (© Bernard Blanc / Flickr)
Pau est une habituée du Tour, avec 73 étapes partant ou arrivant dans la cité royale. Cette particularité est due à sa proximité des Pyrénées, son riche patrimoine et surtout au développement du tourisme dès 1840, en grande partie venant d’Angleterre, donnant ainsi à la ville du bon Roi Henri IV une renommée internationale.
Façade de la caserne Bernadotte (© Bibliothèque Pireneas, Pau)
En 1807, la ville héberge une garnison dans le château royal et au Couvent des orphelins. Après de longues discussions et une décision prise en 1821, les travaux débutent en 1825 et les premières unités d’infanterie s’y installent en 1830. Malgré tout, le chantier durera jusqu’en 1875. La Caserne Bernadotte est l’un des bâtiments militaires les plus longs de France avec 175 m. En 1946, l’École des Troupes Aéroportées (ETAP) prend possession des locaux jusqu’en 1961, quand arrivèrent le service des Archives militaires. De nos jours, le CAPM (Centre des archives du personnel militaire) gère environ 35 millions de dossiers individuels, un résumé de l’histoire de France.
Pau est une garnison tournée vers le ciel. Dès 1844, il y eut un premier vol de ballon et en 1909, les frères Wright, venant des États-Unis, y firent des démonstrations de leur avion et ouvrirent une école de pilotage, la première au monde. À partir de 1911, une école militaire d’aviation permit d’entamer la formation des pilotes. Aujourd’hui encore, 2 régiments d’hélicoptères sont installés à Pau : le 5e RHC (Régiment d’hélicoptères de combat) créé en 1977, appartient à la 4e Brigade Aéromobile de Combat (BAC) dont l’état-major est à Clermont-Ferrand, tandis que le 4e RHFS, héritier du 4e RHCM (Régiment d’hélicoptères, de commandement et de manœuvre) autrefois à Essey-lès-Nancy, est le régiment d’hélicoptères des forces spéciales de l’Armée de terre. L’état-major de la Brigade des forces spéciales terre (BFST) est également implanté à Pau, pour créer cette synergie indispensable à l’efficacité opérationnelle. Implantée depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’École des troupes aéroportées (ETAP) est l’autre grand pôle militaire de Pau, assurant la formation et la spécialisation des tous les personnels servant dans les troupes aéroportées. Le mythe des bérets rouges reste une réalité à Pau.
Allant vers les hauteurs pyrénéennes, le peloton remontera le gave de Pau et traversera Lourdes, la cité mariale. Son château fort servit de garnison jusqu’au XIXe siècle permettant de verrouiller l’accès aux vallées. Lourdes accueille, depuis les années 1950, le Pèlerinage Militaire International (PMI), dont l’origine a été la réconciliation franco-allemande. Chaque année – sauf en 2020 et 2021 pour cause de Covid – plus de 15 000 militaires venant d’une quarantaine de pays se réunissent pour célébrer la paix.
Au cœur des montagnes du Bigorre, Bagnères de Bigorre a reçu la Croix de guerre pour faits de Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que très loin des théâtres d’opération, les troupes allemands firent preuve de brutalités avec une centaine de Bigorrais tués en 1944.
Quelques kilomètres avant l’arrivée, Barèges est un haut lieu du thermalisme militaire depuis 1680 et le séjour de Louvois pour soigner une fracture. Convaincu de l’intérêt de prendre les eaux, il obtint de Colbert des crédits pour construire les infrastructures nécessaires pour recevoir les patients. Napoléon III fit construire un hôpital militaire en 1850, qui ferma ses portes en 1960. Pourtant, la tradition de soins pour les blessés a repris en 2017, profitant du poste militaire de Barèges mis en œuvre par le 1e RHP (Régiment de hussards parachutistes) de Tarbes et qui a accueilli des blessés en opération pour leur convalescence. ♦
Publié le 15 juillet 2021
Jérôme Pellistrandi