Hubert Germain, le dernier Compagnon de la Libération, est mort
Hubert Germain pendant la Seconde Guerre mondiale (© Ordre de la Libération)
Il était le dernier des 1 038 Compagnons de la Libération. Hubert Germain s’en est allé ce mardi 12 octobre 2021, à l’âge de 101 ans.
Fils d’un officier général issu des troupes coloniales, Hubert Germain est né à Paris le 6 août 1921. Grandissant au sein d’un milieu militaire, le jeune Hubert Germain préparait le concours de l’École navale au moment où débuta la Seconde Guerre mondiale. Il cessa de préparer ce concours en juin 1940, décidant de continuer le combat contre l’Allemagne nazie. Il n’avait pas encore 20 ans, et arrive à Londres le 24 juin 1940.
Itinéraire au sein de la 1re Division française libre
Engagé dans les Forces françaises libres (FFL) et affecté sur le cuirassé Courbet, il suivit les cours d’élève officier de marine. Durant la Bataille d’Angleterre, il participa à la défense antiaérienne.
En 1941, il fut affecté à l’état-major du commandant en Palestine de la 1re Division française libre, le général Legentilhomme. Hubert Germain, 21 ans, participa aux campagnes de Syrie et de Libye. Entre-temps, il avait rejoint l’école des officiers de Damas. Il fut affecté au 2e Bureau de l’état-major de la 1re Brigade française libre du général Kœning. Il rejoignit la 13e Demi-brigade de la Légion étrangère (13e DBLE) en 1942, avant la campagne de Libye. Il est cité à l’ordre de l’Armée à l’issue de la bataille de Bir-Hakeim dans laquelle il s’illustra. Il fut sous-lieutenant à 22 ans. Il combattit à El-Alamein (Égypte, 1942) et en Tunisie jusqu’en 1943 avec la 1re Division française libre (1re DFL).
En 1944, durant l’année des libérations, il participa aux combats d’Italie. Hubert Germain, commandant une section antichar en soutien au 1er Bataillon de Légion, fut blessé et évacué à Naples. C’est alors qu’il fut décoré de la croix de la Libération par le général De Gaulle, envers lequel il resta toujours fidèle. Rétabli, il participa au Débarquement de Provence et à la libération de Toulon et de Lyon. Allant vers le nord, il prit part aux campagnes des Vosges et d’Alsace.
Après la guerre, une carrière politique
Entreprenant une carrière dans la vie civile, il se lança en politique dès le début des années 1950. Il fut élu maire de Saint-Chéron dans l’Essonne en 1953, jusqu’en 1965. Il découvrit le monde ministériel en tant que chargé de mission au cabinet de Pierre Messmer (1916-2007), alors ministre des Armées, d’abord de 1960 à 1962, puis en 1967-1968. Il accéda à la législature en 1962, élu député de Paris. Il fut réélu en 1968 et 1973. Gaulliste des premiers jours, il intégra le gouvernement de Georges Pompidou de 1972 à 1974.
Il fut fait Grand’Croix de la Légion d’honneur en 2017. Depuis 2010, il était membre du conseil de l’Ordre de la Libération. En septembre 2021, il avait reçu à titre exceptionnel le grade de caporal-chef honoraire de la Légion étrangère.
Une cérémonie d’hommage sera rendue aux Invalides dans les jours suivant son décès. Comme cela était prévu, il sera inhumé le 11 novembre prochain, lors d’une cérémonie présidée par Emmanuel Macron, au Mont-Valérien, dans la crypte du mémorial de la France combattante.
La Revue Défense Nationale tient à saluer la mémoire du dernier Compagnon de la Libération, un exemple de bravoure et de grandeur. ♦
Publié le 12 octobre 2021
Alexandre Trifunovic