Discours de rentrée de Florence Parly au personnel militaire et civil du ministère des Armées
Retrouvez le discours de Madame Florence Parly, ministre des Armées, prononcé le 21 janvier 2022 devant le personnel militaire et civil du ministère des Armées :
« Madame la ministre, chère Geneviève,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le chef d’état-major des armées,
Monsieur le délégué général pour l’armement,
Madame la secrétaire générale pour l’administration,
Messieurs les chefs d’état-major de l’armée de terre, de la marine, de l’armée de l’air et de l’espace
Mesdames et messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, officiers mariniers, soldats, marins, aviateurs, gendarmes, militaires et personnels civils de la défense,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je souhaite tout d’abord vous présenter mes meilleurs vœux pour l’année 2022, des vœux de bonheur, d’épanouissement, de santé évidemment, pour vous et pour tous ceux qui vous sont proches. À titre personnel, c’est déjà une joie et une fierté de commencer cette nouvelle année avec vous.
Chacune et chacun d’entre vous, ici, a fait une promesse. Vous avez un jour fait la promesse de servir notre pays et d’œuvrer pour la protection des Français. Quand une promesse s’accomplit, quand elle prend corps dans la réalité et qu’elle s’incarne dans des actions qui changent et qui améliorent la vie de notre société, cette promesse devient ce qu’on appelle « l’engagement. »
L’engagement : voilà ce qui anime les milliers de militaires et de civils du ministère des Armées qui chaque jour honorent la promesse qu’ils ont faite. Et depuis 5 ans, je n’ai de cesse de constater, dans les différents déplacements que je réalise, toute la force de l’engagement de celles et ceux qui se dévouent entièrement à la mission que les Français leur confient.
L’année 2021 a été une année de plus d’engagement intense et continu au profit des Français et de leur sécurité. En opération, sur le territoire national, au service et en soutien de la Nation, je veux saluer l’engagement sans faille de nos trois armées. En France, où l’opération Sentinelle continue de veiller sur nos concitoyens, au Sahel, au Levant où la lutte contre Daech continue, en mer, dans le cyberespace et dans l’espace, nos armées ont été sur tous les fronts. Et j’ai une pensée particulière pour nos militaires déployés en ce moment et qui emportent avec eux une part de la France, là où leur mission les mène.
L’année 2021 a notamment été marquée par l’opération Apagan, déclenchée le 15 août après la chute de Kaboul et la prise de pouvoir des Talibans. Au cœur de l’été, en moins de 48h, nos armées ont monté une opération d’évacuation de nos ressortissants ainsi que de milliers d’Afghans menacés. Cette opération, qui a sauvé des vies et qui incarne les valeurs de notre pays, est le résultat de l’engagement et de la réactivité de nos militaires, ainsi que de l’ensemble des personnels qui ont été mobilisés à Kaboul, à Abou Dabi et à Paris.
Je veux aussi saluer l’engagement de nos services de renseignement, indispensables vigies de notre défense ; je veux saluer le secrétariat général pour l’administration, qui veille, lui aussi, à la bonne prise en compte de nos intérêts dans la dynamique interministérielle ; et je veux enfin saluer la direction générale de l’armement qui a lancé et conduit de nombreux programmes d’armement décisifs et accompagne avec beaucoup de succès notre industrie à l’exportation. J’y reviendrai, parce 2021 a été une année qui fera date en matière d’exportations d’armement.
Faire la promesse de protéger les Français, c’est se donner corps et âme pour eux. C’est accepter de prendre tous les risques pour la France et être prêt à aller au bout de son engagement.
Je n’oublierai jamais que pour notre communauté de défense, l’année 2021 a débuté dans la douleur des hommages rendus au maréchal des logis Tanerii Mauri, au brigadier Quentin Pauchet, au brigadier Dorian Issakhanian, au sergent-chef Yvonne Huynh et au brigadier-chef Loïc Risser, tombés pour la France.
Nous ne les oublions pas, nous n’oublions pas non plus le sergent Maxime Blasco, mort pour la France. Nous n’oublions pas tous ceux qui ont tenu leur promesse jusqu’au dernier souffle et qui sont allés au bout de leur engagement, en opération et à l’entraînement. Et j’ai aujourd’hui une pensée pour leur famille.
J’ai aussi une pensée pour tous ceux qui ont été blessés dans leur chair et dans leur esprit, et je le dis en pensant aujourd’hui tout particulièrement à vos quatre frères d’armes blessés au Burkina Faso mardi. Je tiens à rendre hommage aux cellules d’aide aux blessés, au service de santé des armées et à tous ceux qui se mobilisent pour les accompagner et qui continuent d’innover pour mieux soigner, en particulier dans le cas des blessures psychiques, blessures extrêmement délicates pour lesquelles nous avons encore tant à apprendre.
Que vous soyez civil ou militaire, que vous œuvriez sur le terrain ou dans les bases arrières, en état-major ou en administration, c’est votre engagement collectif qui fonde la défense de notre pays et la protection des Français. Vous l’avez encore prouvé récemment dans le cadre de la crise sanitaire, en contribuant à l’effort de vaccination et en renforçant les capacités de réanimation outre-mer.
Alors, du fond du cœur, je voudrais vous dire merci, merci à tous. Cette promesse de servir la France, vous continuez de l’honorer comme au premier jour.
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Il y a près de 5 ans, moi aussi j’ai fait une promesse : celle de servir nos armées. Celle de garantir la défense des Français, aujourd’hui et demain. Cette promesse est devenue un engagement quotidien. Un engagement que je suis fière de partager avec vous. Car c’est ensemble que nous préparons l’avenir de notre défense.
Nous préparons l’avenir de notre défense dans un monde où les menaces sont à la fois plus dangereuses, plus insidieuses et plus diffuses. En l’espace de quelques années, nous avons changé de paradigme : si la lutte contre le terrorisme demeure une priorité absolue, l’intensification de la compétition stratégique, le retour des Etats-puissances, leurs stratégies de contestation des espaces communs – les mers, les airs, l’espace, le cyberespace – tout cela figure aujourd’hui parmi les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur notre défense.
Méthodiquement, nous nous préparons pour pouvoir faire face aux conflits du futur.
1/ La première étape, c’est évidemment l’anticipation, dont le Président de la République a rappelé, hier encore, l’absolue nécessité. Grâce à l’aide de la Red Team et de toutes les équipes de prospective du ministère des Armées, nous imaginons les menaces du futur, sans céder à la facilité du tout technologique. Nous lançons aussi des programmes d’armement pour assurer la continuité de notre défense, et cela, à son meilleur niveau : je pense par exemple au porte-avions de nouvelle génération qui sera livré en 2036 et naviguera jusqu’à la fin des années 2070.
2/ La deuxième étape, c’est l’adaptation de nos moyens d’actions, de nos formations ainsi que de nos exercices au contexte stratégique. Après la stratégie spatiale, après la stratégie cyber et la lutte informatique d’influence, nous dévoilerons bientôt, avec le chef d’état-major des armées, notre stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins qui est un espace qui attise de plus en plus les convoitises.
3/ La troisième étape de cette préparation aux conflits de demain, c’est tout simplement le réalisme et la lucidité. C’est se préparer à la guerre hybride, à cette « guerre avant la guerre » selon l’expression qui vous est chère et qui est pratiquée avec efficacité par certaines puissances aussi agressives que désinhibées, mais cela, tout en restant ce que nous sommes, une démocratie qui respecte le droit et les normes éthiques. C’est donc se préparer à la « haute intensité », c’est-à-dire à la guerre elle-même, à un engagement dur, multiforme, multi-milieu.
Il est essentiel que nous nous préparions à faire face à ces futurs conflits, non pas en poursuivant des logiques de formats d’armées, à mon avis, inadaptés, des modèles historiques d’acquisition et de modernisation de nos équipements, des approches figées du soutien de nos personnels et de leurs familles, mais en innovant toujours plus, dans tous les domaines du ministère. Je sais que le Général Burkhard mène cette réflexion qui est indispensable sur le meilleur emploi des capacités dont nous nous dotons et l’intégration du potentiel qui jaillit de ces nouveaux espaces de conflictualité. Il faut aussi prendre en compte la capacité à agir en coalition avec nos alliés ; il faut renforcer la résilience du ministère des armées dans son ensemble comme de la Nation, en protégeant « nos arrières » pour reprendre une expression militaire pour parler des familles et de notre base industrielle, car, n’en doutons pas, l’adversaire n’hésitera pas à nous porter des coups sur nos arrières, qu’ils soient physiques, cyber ou informationnels, et cela afin de semer la confusion et la disruption. Je sais pouvoir compter sur chacun d’entre vous pour poursuivre ce travail indispensable.
Préparer l’avenir de notre défense, c’est aussi renforcer nos partenariats et nos alliances : sur le front de l’Europe de la défense, nous avons fait plus en 5 ans que durant les 30 dernières années, notamment en développant nos relations opérationnelles, avec des armées au coude-à-coude sur le terrain. La Présidence française du Conseil de l’Union européenne est une opportunité exceptionnelle pour fédérer les Européens autour d’une vision stratégique : c’est tout l’enjeu de la Boussole stratégique qui doit être adoptée en mars.
Les échanges que j’ai pu avoir la semaine dernière avec mes homologues à Brest sont très encourageants. Nos projets européens viendront compléter et renforcer notre engagement au sein de l’Alliance atlantique.
Préparer l’avenir de notre défense, c’est aussi se préparer à répondre aux préoccupations de la Nation. Se déconnecter de la société, cela signifierait perdre l’adhésion des Français à nos missions. Or, nos armées doivent être en phase avec les citoyens qu’elles défendent. À l’heure où la crise climatique concentre de plus en plus d’attentes de la part de nos concitoyens, nous avons lancé une initiative internationale des armées pour le climat. Le ministère s’est aussi investi pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et agir en faveur de la protection de l’environnement. Il est désormais doté d’une stratégie de préservation de la biodiversité et d’une stratégie énergétique de défense. Et je voudrais insister sur le fait que les objectifs de ces stratégies rejoignent et servent largement les impératifs d’excellence opérationnelle.
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Alors, ensemble, depuis près de 5 ans maintenant, nous avons peu à peu changé le visage de nos armées. Tout le monde ici a en tête que nos armées étaient à bout de souffle en 2017. Et si vous me permettez cette expression, les armées étaient en PTSD de la RGPP. Et je promets de ne plus utiliser d’acronyme dans mon propos. Pendant des années en effet, nos armées ont joué le rôle de variable d’ajustement du budget de l’Etat. Recevoir moins pour s’engager plus était en quelque sorte l’adage de nos armées, avec les conséquences que l’on sait : de la lassitude dans nos rangs, le vieillissement des matériels et des ruptures temporaires de capacité.
2017 a été un tournant. Le Président de la République a remis la défense au centre des priorités de la Nation. Et là aussi, nous avons changé de paradigme. La logique selon laquelle « l’intendance suivra » a fait place à des moyens mieux adaptés à nos besoins.
Et depuis, nous avons fait ensemble du chemin. Nous avons peu à peu réparé nos armées et nous nous sommes mis en ordre de bataille pour bâtir les armées de demain.
Cette loi de programmation militaire, que le Président de la République a voulue, nous a donné un cap clair et a engagé la remontée en puissance de nos armées. Je ne vais pas vous abreuver de chiffres mais depuis 2017, le budget augmente chaque année d’au moins 1,7 milliard d’euros. Et chaque année, la LPM 2019-2025 a été respectée en programmation comme en exécution, ce qui ne s’était jamais vu depuis 40 ans. Et je voudrais à mon tour saluer les parlementaires qui ont contribué à la naissance de cette LPM et qui suivent attentivement son exécution.
Alors aujourd’hui, nous commençons à voir sur le terrain les effets de la LPM, pour laquelle nous nous sommes collectivement battus. Et je compte sur vous pour rester très vigilant et pour vous assurer de sa mise en œuvre jusqu’au dernier régiment. Ce n’est pas le moment de lâcher, alors que nous ne sommes qu’à la moitié du chemin ; il n’y a pas de demi-mesure dans la remontée en puissance de nos armées.
Le renouvellement de tous les bâtiments de la Marine nationale a été engagé dans tous ses compartiments et il est en bonne voie : j’ai pu m’en assurer jeudi dernier à Lorient, où la première frégate de défense et d’intervention a été mise sur cale. 2022 sera par ailleurs l’année de l’admission au service actif du Suffren et de la dernière de nos 8 FREMM.
2022 marquera aussi une année décisive pour la modernisation de l’armée de l’air et de l’espace : outre la réception de 13 Mirage 2000D rénovés et de 3 avions de transport MRTT, le système spatial de renseignement d’origine électromagnétique CERES sera mis en service opérationnel, ce qui nous dotera d’une capacité unique en Europe.
Enfin, l’armée de terre continuera de réceptionner les blindés de nouvelle génération du programme Scorpion, qui continuent d’arriver dans les unités, comme j’ai pu le voir vendredi dernier sur le Camp des Garrigues avec le 2e régiment étranger d’infanterie qui venait de recevoir ses 3 premiers Griffon. Cela me permet de rappeler aussi que les premiers Griffon et le système d’information SIC déployés au Sahel ont commencé à démontrer l’excellence opérationnelle de ce blindé avec ses premières capacités de combat connecté, dans un environnement que nous savons tous exigeant.
Garantir à nos armées les meilleurs équipements et infrastructures qui les accueillent, cela suppose naturellement de soutenir les filières de compétences de notre industrie de défense. C’est ce que nous avons fait dès 2018 en lançant le plan Action PME. Et parce qu’un soutien prend tout son sens en période de crise, nous avons accentué notre accompagnement en 2020 avec le plan de soutien à l’aéronautique ainsi que la taskforce BITD chargée d’accompagner les PME et les sous-traitants essentiels à notre défense et à notre souveraineté.
Au cours de ces dernières années, notre activité a permis de créer plus de 36 000 emplois partout en France, dans la base industrielle et technologique de défense. Vendredi, j’étais avec certains d’entre vous à Marignane pour annoncer la commande de 169 hélicoptères Guépard. C’est la plus grande commande d’hélicoptères jamais passée, qui permet de pérenniser, en France, 2200 emplois pendant 15 ans.
Puisque nous en sommes aux records, je veux nous féliciter collectivement des résultats exceptionnels en matière d’exportation d’armement. Au total en 2021, pour se limiter si j’ose dire aux seuls avions de combat, 140 Rafale dont 116 neufs ont été vendus à des clients étrangers. Cela contribuera à ce que nos prises de commandes, prises dans leur ensemble, dépassent 30 milliards d’euros, répartis sur 2021 et 2022, le temps seulement de mettre en vigueur des contrats passés avec les Emirats Arabes Unies sur le Rafale ou bien sur le Caracal (H225M).
Nous avons eu, à travers le renforcement de nos partenariats de défense, de très beaux succès aussi dans l’Union Européenne, avec la Grèce, premier partenaire européen à choisir le Rafale et la FDI, avec la Croatie, qui elle aussi a choisi le Rafale ou bien la République tchèque qui a choisi le CAESAR.
Grâce au travail que vous avez réalisé depuis de nombreux mois, voire même de nombreuses années, tout laisse penser que 2022 sera une nouvelle année exceptionnelle en termes d’exportations.
Alors, il y a eu des succès indéniables, il y a aussi eu un revers inoubliable. Mais j’ai confiance en nous. De ce revers, qui n’est pas lié à la qualité de l’offre des technologies et des produits proposés par l’industrie française – tout le monde a compris qu’il s’agissait de l’industrie navale – nous saurons tirer toutes les leçons. Je tiens donc à saluer la qualité du travail de la direction générale de l’armement, des industriels et des armées et je sais que le travail qui a été mené au cours des précédents mois continuera comme je le disais à porter ses fruits dans les prochains mois.
Au cœur de la LPM 2019-2025, j’ai voulu placer l’innovation. Parce qu’une armée qui innove, ne dépose jamais les armes. Nous avons aujourd’hui une politique d’innovation qui détecte et capte l’innovation où qu’elle se trouve, dans le monde civil ou au cœur de nos armées, dans l’industrie, l’académie, les start-ups, en France ou au-delà de nos frontières, qu’il s’agisse d’innovation technologique ou d’innovation d’usage. Une politique qui permet d’accompagner l’innovation dans ses orientations, la développer pour répondre au besoin des forces et des usagers, et la pousser jusqu’au passage à l’échelle et l’intégration. Une politique qui a pour mot d’ordre l’audace et la liberté d’entreprendre, qui s’appuie sur les start-ups et les PME qui contribuent à la défense de notre pays. C’est pour les soutenir et bénéficier de leurs savoir-faire que nous avons créé les fonds Def’Invest et Innovation défense.
L’innovation, c’est aussi celle dont nous avons su faire preuve dans notre propre organisation. Je pense au mouvement de décentralisation de notre administration centrale, mais aussi à la création de l’Agence de l’innovation de défense, de la direction de la maintenance aéronautique ainsi que de l’agence du numérique, sans oublier la direction chargée de la transformation et de la performance ministérielle au SGA. Elles nous ont rendu plus agile et ont alimenté la dynamique de transformation et d’adaptation qui est à l’œuvre dans ce ministère depuis 5 ans.
Je crois vous l’avoir souvent dit : les Français nous font confiance, nous devons être dignes de cette confiance et dignes des efforts qu’ils consentent aussi pour nous. Cela impliquait des transformations nécessaires pour être certains de garantir une défense des Français au meilleur niveau. Et c’est donc une fierté que nos armées aient toujours assuré la continuité de toutes leurs missions, même au plus fort des crises que nous avons pu connaître, y compris l’année dernière ; et ceci, tout en assumant des missions supplémentaires, comme ce fut le cas dans le cadre de la crise sanitaire.
Mais même avec l’organisation la plus résiliente, même avec des équipements flambant neufs, toutes ces missions ne pourraient pas être assurées sans l’engagement indéfectible des femmes et des hommes, qu’ils soient militaires ou civils. Et c’est pourquoi la LPM comporte un volet humain, « à hauteur d’homme » qui est très important : car j’en suis convaincue, l’excellence de nos armées se prépare autant avec de matériels performants qu’en prenant soin de nos personnels militaires et civils, ainsi que de leurs familles.
Et je suis donc ravie, d’être accompagnée dans cette tâche par Geneviève Darrieussecq qui conduit une politique ambitieuse en faveur de nos blessés, de notre jeunesse et de nos anciens combattants. Et je veux saluer le travail intense qu’elle accomplit pour répondre à la volonté du Président de la République d’assurer la reconnaissance de la Nation envers les harkis et leur droit à réparation au regard des conditions dans lesquelles ils ont été accueillis par notre pays.
Dans les prochaines semaines, nous serons mobilisés pour poursuivre la mise en place de la nouvelle politique de rémunération des militaires et nous poursuivrons le déploiement du Plan Famille, qui continue d’être enrichi et de s’adapter aux spécificités de chaque base et de chaque régiment. Les prochaines semaines seront marquées par la signature du contrat Ambition Logement qui prévoit la rénovation lourde de 8 000 logements de notre parc domanial, c’est-à-dire 80 % de celui-ci, ainsi que la construction de 3 000 logements neufs pour les familles du ministère des Armées.
L’hébergement et le logement sont deux domaines où nous devons concentrer et poursuivre nos efforts. Nous le voyons bien, chaque fois que nous nous déplaçons au sein d’une de nos emprises. Certains lieux de vies tombent en morceaux, c’est le fruit d’un sous-investissement depuis près de 30 ans.
On ne rattrape pas 30 ans en 5 ans seulement, même avec beaucoup de volonté. Mais on peut prendre un virage à 90 degrés et on peut initier le changement. Ce que je constate, c’est que la LPM à hauteur d’homme est encore inégalement déployée dans les différentes unités. Nous consacrons plus d’1 milliard d’euros à l’hébergement de nos militaires sur la période de la LPM, je serai donc très attentive aux efforts qui seront fournis dans ce domaine dans les prochains mois.
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Mesdames et messieurs,
Alors que l’ère de la révision générale des politiques publiques avait soulevé de nombreuses questions, des inquiétudes, voire engendré des traumatismes, je constate aujourd’hui avec plaisir que le ministère des Armées regarde vers l’avenir et va désormais de l’avant
Aujourd’hui, les effectifs sont à la hausse, avec 6 000 emplois prévus dans le cadre de la LPM pour renforcer notamment nos capacités de renseignement et de cyberdéfense : la RGPP, c’est donc une page que nous avons tournée. Comme nous avons tourné d’ailleurs celle du scandale Louvois, le logiciel de paye des militaires, remplacé désormais par Source Solde, grâce à l’investissement total que je veux saluer de la DRH-MD, de la DGA et du commissariat des armées.
Si nous avons pu nous mobiliser vers de nouveaux objectifs et dépasser les difficultés liées à cette période, c’est grâce à l’engagement de toutes et tous, de l’état-major des armées, de la direction générale de l’armement, du secrétariat général pour l’administration, des états-majors d’armées, des services de renseignement et l’ensemble des directions, des personnels civils et militaires de cette équipe dont je suis fière et qui se consacre entièrement à la remontée en puissance de nos armées.
Mais c’est aussi grâce à un changement de méthode, que nous avons tous opéré dans trois dimensions.
La première, c’est que nous avons fait reculer, je voudrais vous dire avoir mis fin, mais je ne crois pas pouvoir être aussi péremptoire, au travail en silo. Travailler dans son coin, se livrer à des guerres de chapelle était sûrement le meilleur moyen de s’affaiblir collectivement. Aujourd’hui, je constate que nos méthodes de travail ont bien changé et je salue la bonne intelligence avec laquelle chacun aborde désormais des sujets transversaux, majeurs, pour faire avancer ce ministère dans la bonne direction, c’est-à-dire, celle de l’intérêt général.
Le deuxième grand changement de méthode, c’est que dorénavant, nous abordons tous nos défis et tous nos sujets avec pragmatisme. En effet plutôt que de dire, il vaut mieux faire et faire surtout pour que cela marche. Je prends un exemple : en 2017, la réforme des soutiens et des bases de défense était, je ne sais pas si on peut dire au point mort ou au milieu du gué. Nous aurions pu choisir d’abandonner complètement cette réforme décriée. Ce n’est pas ce que nous avons fait. Nous lui avons, en définitive, ajouté ce qui lui manquait : le soutien de proximité, en rapprochant le soutenant du soutenu. Et c’est avec le même pragmatisme que nous avons abordé la réforme du MCO ou les grands chantiers de l’Europe de la défense.
Enfin, le troisième changement de méthode que nous avons mis en œuvre et que nous devons poursuivre, c’est la prime à la créativité, à l’innovation et au risque, face aux conservatismes qui s’appuie sur cette expression bien connue : « on a toujours fait comme ça ».
Je crois que nous sommes désormais sur les bons rails, et il faut donc poursuivre sur ce chemin car je vous le redis, la remontée en puissance de nos armées n’est qu’au milieu du gué. Beaucoup doit être encore mis en œuvre et comme j’avais eu l’occasion de vous dire à la rentrée de septembre : tout ce qui est fait ne sera plus à faire.
Ce qui doit donc guider et animer notre équipe pour les prochains mois, c’est l’exécution rapide, effective et dynamique de la loi de programmation militaire.
Les prochains mois vont être intenses :
1/ Au Sahel, la situation sécuritaire reste difficile, et désormais compliquée par un contexte politique malien très hostile et le déploiement des mercenaires russes de Wagner. Nous allons devoir trouver la voie pour, malgré ces difficultés, poursuivre la mission que nous nous sommes fixée et pour laquelle les pays d'Afrique de l'Ouest nous demandent notre appui : je veux parler de la lutte contre le terrorisme. Plus que jamais, nous aurons une responsabilité à porter vis-à-vis de ces pays, mais aussi de tous les partenaires, notamment européens, qui sont engagés avec nous au Sahel.
Takuba est une réussite, la preuve que les Européens sont capables de combattre ensemble, dans des missions exigeantes, lorsque leurs intérêts sont en jeu. Mais Takuba nous oblige : les décisions que nous prendrons quant à notre stratégie au Sahel, nous les prendrons et nous les mettrons en œuvre avec nos partenaires.
2/ À l’Est de l’Europe, nous voyons un niveau de tensions rarement atteint depuis la fin de la guerre froide. La Russie adopte une rhétorique agressive et, par ses actions, elle cultive l’ambiguïté stratégique pour mieux contraindre ses voisins – l’Ukraine au premier chef mais aussi le reste de l’Europe. Dans ce contexte, c’est notre sécurité et la stabilité de notre continent qui sont en jeu. Il est donc essentiel que nous autres Européens, nous fassions entendre notre voix. C’est pourquoi le Président de la République a souligné devant le Parlement européen, hier à Strasbourg, que nous devions travailler à une proposition européenne en vue de bâtir un nouvel ordre de sécurité et de stabilité. Ce processus devra être élargi à nos alliés puis à la Russie. Ce dialogue sur la stabilité stratégique est essentiel et il va de pair avec la posture de fermeté à laquelle nous contribuons en déployant des moyens en Roumanie, en lien avec nos Alliés, comme l’a indiqué le Président de la République hier, et comme nous le faisons aussi vis-à-vis des Etats Baltes.
Nous aurons enfin beaucoup de travail pour continuer à porter notre projet européen, dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne. J'évoquais plus tôt la méthode pragmatique qui nous avait permis d'avancer sur de nombreux sujets. L'Europe de la défense n'est pas le moindre d'entre eux. Il ne s'agit plus en effet d'arriver à parler d'autonomie stratégique, il s'agit de la faire, pour maitriser notre destin. Là encore, sommes sur la bonne voie, mais nous devons saisir cette présidence française comme une opportunité pour faire un pas ou peut-être même un bond de plus : pour être en mesure de faire davantage d'opérations ensemble, car nous savons que nous en aurons besoin.
Pour rester à la pointe des technologies d'avenir, avec des projets capacitaires ambitieux, une base industrielle et technologie de défense européenne forte, et une capacité d'innovation renouvelée. Et puis pour continuer enfin à forger cette culture stratégique commune, qui doit nous permettre d'appréhender ensemble les enjeux de la défense d'aujourd'hui et de demain, que ce soit en Afrique ou en Indopacifique, sur terre, en mer, dans les airs, ou dans les nouveaux espaces de compétition stratégique que l'espace exo-atmosphérique ou bien le cyberespace. La Boussole stratégique nous donnera un cap. Ce sera à nous de le tenir.
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Nous aurons encore beaucoup à faire, beaucoup de défis à relever, mais instruite que je suis, après quatre ans et demi à la tête de ce ministère, qu’ensemble, nous sommes bien armés pour y faire face, avec exigence, avec responsabilité et avec excellence.
Je voudrais pour terminer vous dire toute la fierté que j’éprouve à diriger ce ministère, toute la fierté que j’ai de partager avec vous cette mission extraordinaire d’assurer l’avenir de la défense française. Car il n’y a pas de plus belle promesse que celle de servir son pays, et pas de plus bel engagement que celui de protéger les Français.
Vive la République ! Vive la France ! » ♦
Publié le 21 janvier 2022