Préparer les combats de demain : les exercices de simulation du Centre d’analyse technico-opérationnelle de défense (Catod)
Pierrick Beaume, chargé d’évaluations technico-opérationnelles au Catod
Le Catod fait partie de la Direction générale de l’armement (DGA). Durant la semaine du 13 au 17 juin, à l’occasion du Salon Eurosatory 2022, le Centre était présent au Pôle Technologique et occupait le stand « Modélisation et simulation : les combats du futur se préparent au présent ».
En collaboration avec les armées et l’État-major des armées, ce Centre de la DGA s’occupe notamment de préparer des simulations et de modéliser une architecture de défense et de sécurité, dans une dimension prospective, afin d’analyser les besoins opérationnels futurs et de réfléchir aux prochains programmes d’armement.
Des écrans d’ordinateur présentent des cartes sur lesquelles sont affichés des pions ; l’on croit reconnaître la région du monde où se déroule la scène, mais les noms ont été changés. Parmi les divers exercices de simulation présents sur le stand du ministère des Armées à l’occasion de l’Eurosatory, en voici deux :
• Le premier, intitulé Wargaming, est « un jeu de plateau numérique au tour par tour », explique Jean-Jacques Boye, ingénieur au bureau d’études simulation. Le Wargaming peut se décliner en fonction des demandes : ainsi, le développement du jeu passe notamment par les questions qui sont posées au Catod – par exemple, concernant un futur porte-avions, afin de déterminer ses capacités annexes, etc. La phase de réflexion portant sur le thème requis dure entre un et deux mois ; ensuite, la première version de ce Wargaming est proposée à des experts opérationnels, qui vont pouvoir la critiquer ; le jeu est ensuite amélioré puis testé à blanc, avant d’être enfin proposé aux personnes ayant émis la question.
Comment la simulation fonctionne-t-elle ? La carte d’une zone du monde est divisée en diverses régions ; celles-ci contiennent des objectifs (comme par exemple « garantir la sécurité des bases d’appui ») et des menaces (qui vont d’une échelle de 0 à 4 et qui peuvent être maritime, terrestre ou aérienne) ; les joueurs créent tout d’abord des jetons, qui sont composés de divers corps – groupements tactiques interarmées, batteries d’artillerie, etc. : ces pions vont constituer des « task force », qu’il s’agira ensuite de placer dans les régions. Les observateurs, présents aux côtés des joueurs, vont pouvoir impacter l’environnement, en modifiant par exemple le score de réputation des acteurs. Ensuite, des événements négatifs peuvent apparaître, de façon aléatoire, changeant de nouveau la situation. Il s’agit donc pour les joueurs de calculer non seulement l’efficacité de leurs capacités vis-à-vis des besoins d’une zone, mais également la perte opérationnelle induite par les combats. Le Wargaming permet de mettre en simulation plusieurs types d’opérations et de développer ainsi divers axes de réflexion ; les résultats sont obtenus à travers les observations des participants, les données de l’exercice et les analyses techniques.
• Le second exercice s’intitule VRForces: True aggregate : il s’agit ici de « tester une situation opérationnelle concrète des capacités au temps par temps », développe Pierrick Beaume, chargé d’évaluations technico-opérationnelles. Des pions évoluent continuellement dans un espace, et il est possible d’analyser leurs diverses capacités comme celles de se mouvoir, de faire du renseignement, etc. Il s’agit donc de modéliser les capacités de demain ; l’exercice prend d’ailleurs en compte la technologie du programme Titan, ambition de l’Armée de terre pour les années 2040, qui devrait venir prolonger le programme Scorpion actuel. Ainsi, alors que l’une des composantes de Titan est l’interopérabilité ou l’infovalorisation, le VRForces: True aggregate permet de se projeter dans une situation où la faculté C2 (Command and Control) est paralysée, par la perte de communication avec un élément. Dans le contexte international contemporain, la demande s’est accentuée sur la guerre électronique ou encore sur le facteur « influence ». En prenant en compte les retex de la guerre en Ukraine, les scénarios ont été modifiés afin de prendre davantage en compte le contexte d’un conflit de haute intensité. ♦
Publié le 20 juin 2022
Margaux Latarche-Bertrand