Tour de France 2022 : 16e étape – 19 juillet – Carcassonne-Foix : les Pyrénées et ses forts
Vue panoramique de Carcassonne (© David Villafruela / Wikimedia commons)
La ville de Carcassonne a connu depuis l’Antiquité une histoire militaire riche, qui s’illustrera au fil des années à travers son système défensif. Le site se protégeait durant le Bas-Empire derrière une enceinte gallo-romaine ; un dispositif qui resta déterminant tout au long du Moyen-Âge. Au XVe siècle, la cité de Carcassonne devint une prison d’État où étaient enfermés les ennemis du roi. Pendant les guerres de Religion, la ville constitua un dispositif important pour les catholiques et subit des attaques de la part des huguenots qui ne parvinrent pas à s’emparer de la forteresse. À la mort d’Henri III, la cité refusa de soutenir le nouveau roi Henri IV et rejoignit le parti de la Ligue catholique. Après 2 ans de combat, Carcassonne finit par prendre le parti du roi. En 1659, avec la signature du traité des Pyrénées qui mit fin à la guerre entre l’Espagne et la France, Carcassonne perdit sa position stratégique, car son rôle défensif à la frontière avec l’Aragon n’était plus nécessaire. La ville fut progressivement abandonnée.
Carte du parcours de la 16e étape du Tour de France (© ASO)
Sous l’Ancien Régime et durant la Révolution, elle joua un simple rôle d’arsenal, d’entrepôt d’armes et de vivres. À partir de 1709, la caserne Laperrine fut édifiée par l’architecte Louis Mélair (1662-1732). Les travaux de la caserne s’achevèrent en 1735. En 1788, la caserne abritait 480 cavaliers et 390 chevaux. La cité médiévale vit passer les 17e et les 19e régiments de Dragons. Au début du XIXe siècle, la forteresse fut rayée de la liste des places de guerre ; elle tomba en ruine avant d’être relevée par Viollet Le Duc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance fut très active dans l’Aude, même si elle se mit en place plus tardivement. Les premières actions furent destinées à combattre la propagande de Vichy et à affirmer des convictions politiques républicaines. En 1941, Albert Picolo, professeur à Carcassonne, prit la direction départementale du mouvement « Combat ». Néanmoins, le 11 novembre 1942, les Allemands envahirent la zone sud. La vie des Aubois se retrouva bouleversée. De nombreux blockhaus (abris militaires défensifs) furent édifiés, et des travaux de défense furent entrepris sur l’axe Narbonne-Carcassonne. Les services de police allemands faisaient régner la terreur. Après deux ans d’occupation, les Allemands évacuèrent l’Aube le 19 août 1944.
Depuis 1962, Carcassonne accueille le 3e régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa). En 1976, ce dernier est professionnalisé et engagé sur plusieurs théâtres d’opérations extérieures. Dans le cadre de la réduction des effectifs, le 3e RPIMa a été menacé de dissolution en 2014, mais finalement les effectifs ont été renforcés avec la création d’une nouvelle compagnie de combat. Ce régiment est indissociable de la ville, il appartient à la 11e brigade parachutiste.
Après son départ de Carcassonne, le peloton continuera son ascension des Pyrénées pour arriver dans la ville médiévale de Foix. Durant longtemps, son château fort assura la défense de la région, notamment pendant les guerres de Religion. L’enceinte fortifiée demeura une garnison jusqu’au milieu du XVIIe siècle et devint par la suite une prison. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Foix fut libérée de l’occupation allemande le 9 août 1944 par trois hommes : le major Bill Probert, des services secrets britanniques, le chef de brigade Pascual Gimeno Ruffino et le commandant Marcel Bigeard. La libération fut plus largement menée par la 3e brigade de guérilleros espagnols. Les forces françaises de l’intérieur avaient reçu l’ordre d’attendre, cependant les trois hommes décidèrent de libérer la ville sans l’appui des FFI. Ils neutralisèrent les occupants allemands ; la croix gammée qui flottait depuis le début de l’occupation sur le château fut arrachée, et remplacée par le drapeau républicain espagnol. Le soir même, la cité fut entièrement libérée. Les guérilleros s’illustrèrent en Ariège, mais Foix fut la seule ville intégralement libérée par leurs soins. ♦
Château fort de Foix (© BastienM / Wikimedia commons)
Publié le 19 juillet 2022
Jérôme Pellistrandi, Marie Toiron