Tour de France 2022 : 19e étape – 22 juillet – Castelnau-Mognoac-Cahors : Résistance et Libération
Corps franc Pommiès
Dans la région de Mognoac la Résistance fut fortement active durant la Seconde Guerre mondiale. On y retrouva notamment le Corps franc Pommiès, considéré comme le plus grand mouvement de Résistance du Sud-Ouest durant cette période. Ce mouvement fut créé par André de Pommiès en 1942. Il avait pour mission de harceler les forces allemandes et de saboter les installations stratégiques de l’ennemi. La région du Mognoac a été le noyau dur de ce mouvement grâce à Paul Soulès. Le centre de la Résistance se trouvait dans une petite ferme, la maison Maridal. Elle était le lieu stratégique de la compagnie de résistants du capitaine Paul Soulès.
Le 6 juin 1944, les hommes du mouvement entamèrent une lutte ouverte contre les Allemands. Sous la conduite du lieutenant Miégeville, gendarme à Castelnau, une vingtaine de résistants ont enterré des armes dans la ferme qui devaient leur servir ultérieurement et s’y installèrent. Le 9 juin 1994, les résistants prirent au piège les Allemands venant du Gers depuis les piliers du pont de Chélan, surplombant la route Lannemezan-Auch, position stratégique. Trois soldats allemands furent tués, les autres prirent la fuite. Certains résistants perdirent aussi la vie.
Les Allemands alors convaincus que cet endroit était le repère de la Résistance revirent en force avec des prisonniers. Aux abords de la ferme, ils les interrogèrent, les torturèrent et les fusillèrent après avoir exigé qu’ils creusent leur propre tombe. Les habitants, effrayés, abandonnèrent la ferme, et échappèrent à l’ennemi. En février 1945, le Corps franc Pommiès devint le 49e régiment d’infanterie. Le 1er avril, ils libérèrent le Sud. Au cours des 900 opérations menées, 387 membres ont été tués et 156 ont été déportés. Castelnau-Magnoac s’est vu confier le mémorial rendant hommage aux hommes morts aux combats et en déportation (1).
L’étape se poursuivra par la traversée du Lot pour arriver à Cahors où la Résistance fut importante. Le 11 novembre 1942, les Allemands entrèrent dans Cahors. La Kommandantur installa son siège à l’hôtel de l’Europe.
En 1943, la Résistance commença à s’organiser avec, au départ, la circulation d’un journal clandestin, le Lot résistant, puis des actions de sabotage. Pour lutter contre une Résistance de plus en plus forte, les forces de Vichy ont été remplacées par les Allemands en novembre 1943. Une répression fut organisée s’appuyant sur les renseignements français, de la Gestapo et miliciens. En effet, la même année fut créée la Milice du Lot avec une branche militaire, la Franc-garde, qui avait pour mission de lutter contre les armées des maquis. Tous les francs-gardes furent fusillés à la Libération symbolisant la collaboration.
Malgré la présence des troupes allemandes les opérations de sabotage ne faiblissaient pas et les maquis étaient de plus en plus actifs. Ces actions étaient évidemment suivies d’arrestations, interrogatoires, d’exécutions. La répression allemande fut sévère comme à Figeac où le 23 avril les maisons se sont retrouvées cernées par des fusils-mitrailleurs et les habitants arrêtés et exécutés de façon sommaire.
Le débarquement allié en Normandie, à compter du 6 juin accéléra l’activité des maquis : la ligne du chemin de fer entre Paris et Toulouse fut coupée, les communications furent interrompues, les routes rendues impraticables. Ainsi, les troupes allemandes ne sortaient plus de Cahors. Dès le 16 août la Résistance s’organisa pour libérer Cahors encore aux mains des ennemis. Les maquisards encerclèrent la ville. Le lendemain, les Allemands quittèrent Cahors en direction de Montauban. Dans la nuit les résistants et les membres de l’État-major entrèrent dans la ville désertée. Le 17 août, Cahors fut libérée (2).
(1) Franc Claude, « la mémoire de la guerre 1918-2018 : entre mythes et réalité », RDN, n° 817, février 2019, p. 55-61.
(2) Pour en savoir plus sur le rôle de la Résistance dans la libération voir Rogé, « l’action militaire de la résistance française sur la stratégie alliée en 1944 », RDN, n° 96, octobre 1952, p. 322-336.
Carte du parcours de la 19e étape du Tour de France (© ASO)
Publié le 22 juillet 2022
Jérôme Pellistrandi, Marie Toiron