Tour de France 2023 – 11e étape – 12 juillet – Clermont-Ferrand / Moulins : entre zone occupée et zone libre
David Lofink from Orange, United States, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons
Ville de Michelin et de Blaise Pascal, Clermont-Ferrand fut occupé par la division SS Adolf Hitler lors des négociations de l’armistice à Rethondes en juin 1940.
Elle devint ensuite la capitale de la zone libre. Cependant, s’avérant peu adaptée, et ne satisfaisant pas les ministres et fonctionnaires, la capitale fut finalement transférée à Vichy début juillet.
Depuis 1944, le 92e régiment d’infanterie s’est installé dans cette ville. Régiment d’infanterie de l’Armée de terre, il fut créé sous la révolution, à partir du régiment de Walsh Irlandais et du 17e régiment d’infanterie légère. Sa devise est : « Debout soldat d’Auvergne ; debout ça va barder ! » et « À moi ! Auvergne ! ». Ce régiment fut engagé dans les Vosges en août 1914, puis participa à la bataille de la Marne. Par la suite engagé en Belgique, il participa à Verdun et à la bataille de la Somme. En 1939, un détachement fut envoyé à la frontière espagnole franquiste.
À la suite de l’invasion allemande en 1942, le régiment a été dissous. En septembre 1944 la 1re colonne rapide d’Auvergne, constituée de jeunes maquisards ayant participé aux combats des Monts d’Auvergne, s’installa au quartier d’Assas, et devint le 1er bataillon du 92e RI, sur décision ministérielle.
Durant la guerre d’Algérie, le régiment devint le centre d’instruction 92. Il forma et entraîna des hommes qui ont constitué des bataillons de marche destinés à maintenir l’ordre en Afrique du Nord. Il envoie ainsi des soldats en Tunisie à partir de 1954 puis en Algérie. D’autres éléments constitutifs de ces bataillons sont également formés à Montluçon où le 92e possède une unité.
L’étape se finira à Moulins, lieu qui, dès le début du XVIIe siècle, ressentit les prémices de l’absolutisme et devint une terre d’exil. Le 18 novembre 1632, Marie-Félicie des Ursins, épouse du duc Henri II de Montmorency, qui venait d’être exécuté à Toulouse pour crime de lèse-majesté, arriva à Moulins pour être retenue captive dans l’ancien palais ducal.
Le 18 juin 1940, les troupes allemandes entrent à Moulins par l’est (elles arrivèrent à Vichy le 19 et à Montluçon le 21). Le jour même, une arche du pont Régemortes fut détruite pour gêner leur avancée (elle fut reconstruite sommairement quelques semaines plus tard et définitivement en 1942) mais le pont de Fer reste, lui, intact, leur permettant d’investir la rive gauche. Vers 13 h 30, deux officiers allemands arrivèrent à l’hôtel de ville et montèrent dans la salle du conseil municipal qui les attendait au grand complet autour du maire M. Boudet, ceint de son écharpe tricolore. L’occupation commença alors…
Établi en application de la convention d’armistice, Moulins se situait sur la ligne de démarcation qui établissait la frontière entre une zone Nord de la France occupée et une zone Sud encore libre. Ainsi, le département fut coupé en deux.
En août 1944, après la réussite du Débarquement de Provence et la percée alliée en Normandie, les troupes allemandes se replient progressivement vers le nord-est de la France. Dans l’Allier, des combats eurent lieu entre la Résistance et les Allemands. Moulins fut le théâtre d’affrontements entre la garnison allemande et des maquisards, principalement sur la rive gauche, dans le quartier de la Madeleine. Les FFI essayèrent de rentrer dans la ville le 4 septembre, mais se heurtèrent aux troupes allemandes encore présentes et durent se replier. Le lendemain, en représailles, les Allemands fusillèrent à la Madeleine trois civils pris au hasard et deux résistants FFI faits prisonniers
Finalement les Allemands évacuèrent la ville le lendemain, 6 septembre aux aurores, et les FFI y pénétrèrent quelques heures plus tard sans combattre. La libération donna lieu à de grands rassemblements de la population dans la ville. ♦
Publié le 12 juillet 2023