Tour de France 2023 – 20e étape – 22 juillet – Belfort / Le Markstein Fellering
Carte du parcours de la 20e étape du Tour de France (© ASO)
Se situant proche du Saint-Empire romain germanique, Belfort fut l’objet de nombreuses fortifications dans son histoire. Lorsque Vauban découvrit Belfort en juin 1675, il eut plutôt une vision négative de cette « villote de cent vingt-deux maisons ». Louis XIV le missionna pour établir une ceinture de fer sur les frontières du Royaume de France. La première préoccupation de Vauban était d’agrandir la ville et de la fortifier pour empêcher des possibles incursions allemandes. Il revint par deux fois à Belfort, en 1677 et en 1679 avec le ministre de la Guerre Louvois pour organiser le pré carré. Avec la création de la ligue d’Augsbourg en juin 1686, face aux volontés d’annexions du roi Louis XIV, Belfort devint une priorité et Vauban s’attela à la tâche et accéléra les travaux à partir de 1687. Les aménagements gigantesques entrepris, tels que la fortification de la ville en pentagone avec des tours bastionnées ou la déviation du canal, ont duré jusqu’en 1703.
C’est ainsi qu’en 15 ans, le visage de Belfort a totalement changé : la cité a doublé de taille et la population passa de 1 200 à 4 000 habitants. La garnison de plus de 2 500 hommes constituait la majeure partie de la population. La ville s’affirma progressivement comme un important centre administratif. Par ses prérogatives administratives, judiciaires et militaires, Belfort s’imposa au milieu du XVIIIe siècle comme la capitale alsacienne du Sundgau. Ayant assuré la sécurité militaire, les autorités françaises construisirent de nombreuses routes, ponts et digues pour contrer les inondations.
Après la défaite de l’empire napoléonien à Leipzig, Belfort, perçue comme une voie de communication, fut assiégée par l’armée bavaroise, rejoint par la suite par des Autrichiens, des Cosaques et des Hongrois. Après 113 jours sans ravitaillements, la ville se rendit le 1er avril 1814, et fut occupée jusqu’en juin 1814.
En 1826, la ville fut de nouveau fortifiée. Cette fois-ci, le général François Nicolas Benoit Haxo était chargé de la fortification. Les travaux du fort de la Justice ont alors commencé, tandis que ceux du fort de la Miotte, situé sur la colline de la Miotte, au nord-est de Belfort, commencèrent en 1831. Haxo renforça également la citadelle en créant des enceintes supplémentaires, en remplaçant l’ancienne caserne construite par Vauban, par une nouvelle à l’épreuve des bombes.
Avec la Première Guerre mondiale, Belfort connut son quatrième siège en l’espace d’un siècle. Elle accueillit les 35e et 42e régiments d’infanterie, rejoints par les 171e et 172e régiments d’infanterie, doublant les effectifs.
Lorsque la guerre éclata, les Allemands, voulant éviter d’attaquer à la frontière alsacienne, fortement protégée par le système Séré de Rivières avec les places fortes de Verdun, Tour, Épinal et Belfort, ont violé la neutralité belge pour attaquer directement Paris. Les 35e et 45e régiments d’infanterie furent en première ligne pour les contrer en s’emparant de Mulhouse. La ville était ensuite un centre de ravitaillement, qui vécut pendant quatre ans au rythme des soldats blessés et des convois funéraires.
Pour cette avant-dernière étape du Tour de France 2023, le peloton se dirigera vers le Markstein, station de sport d’hiver située dans les Vosges et longera le système Séré de Rivières. ♦
Publié le 22 juillet 2023